La TOHU offre son premier spectacle international de la rentrée avec Laissez-Porter de la troupe française XY. Invitation au voyage.

Tout un monde dans une valise. Comme plusieurs spectacles de cirque, Laissez-Porter, de la compagnie française XY, comporte des prémisses simples et universelles: quelques valises et des planches de bois.

Mais les six artistes de la troupe font des pieds et des mains pendant une heure pour transporter les spectateurs dans un ailleurs imaginaire en utilisant une seule technique de cirque, poussée à ses limites: les portés acrobatiques ou, comme on dit au Québec, le main à main.

 

«C'est un spectacle léger qui se transporte bien, mais c'est surtout l'un des rares qui exploitent à fond qu'une seule technique. C'est un peu le nouveau dans le nouveau cirque», blague Mahmoud Louertani, cofondateur de la troupe avec Abdeliazide Senhadji.

Formateurs en arts du cirque, les deux complices ont recruté deux duos d'acrobates à l'École de cirque de Lomme (près de Lille) afin de lancer ce spectacle en 2004. Normalement, un spectacle de cirque européen roule pendant trois ans, mais Laissez-Porter en est à sa cinquième saison. Leur deuxième spectacle, Le grand C, a été lancé en mai dernier et fait s'activer 17 interprètes en piste.

«Il y a encore une demande pour Laissez-Porter, note Louertani. On peut dire que ce spectacle fait désormais partie de notre répertoire. Le grand C, c'est une création collective. C'est un projet ambitieux, mais il va bien», indique l'artiste français.

Le spectacle présenté à la TOHU a été décrit comme une «féérie acrobatique» par la presse française. Il comprend des duos, des trios et plus, voire un porté acrobatique à six artistes en même temps. La valise restant toujours au centre du récit.

«On la glisse, on la porte, on la lance, raconte le membre de la compagnie XY. C'est un travail physique et technique, mais qui débouche sur l'émotion. En travaillant, on s'est aperçu qu'on pouvait parler d'exil, de solitude, de déracinement, de vacances.»

Humanisme

XY ne cherche pas à faire passer des messages à tout prix avec son spectacle, mais les valeurs colportées par ces saltimbanques sont empreintes d'humanisme.

«Au lieu de se dire bonjour, dit-il, les personnages le font avec des portés acrobatiques. On préfère la suggestion au crayon gras. C'est une histoire qui est chargée. La performance passe au second plan derrière l'émotion. Et, à la fin, le public est invité au voyage. C'est un appel à la solidarité.»

C'est la première visite au Québec de cette troupe, dont les fondateurs possèdent une expérience de plus de 25 ans en art du cirque, mais sans doute pas la dernière.

«Montréal est reconnue pour le cirque, assure Mahmoud Louertani. On connaît l'école, le Cirque du Soleil, Éloize, Les 7 doigts... Chacun de nous y a des amis, des collègues. C'est une famille, le cirque contemporain, où les échanges et les relations humaines sont très importants.»

Conditions de travail

La France attire d'ailleurs de plus en plus d'entre eux grâce aux conditions de travail pour les intermittents du spectacle qui ont été proposées par l'État.

«Des Américains et des Européens viennent travailler chez nous, explique-t-il. Je souhaite que tous les pays adoptent ces mesures qui nous assurent un gagne-pain, même en période de création et de gestation de spectacle.»

Ce premier spectacle international présenté à la TOHU cette année sera précédé d'une courte prestation du superbe Mick Holbeke. Récemment diplômé de l'École nationale de cirque de Montréal, il interprète un personnage de clown candide, dont l'émerveillement constant à propos d'un rien n'est pas sans rappeler la poésie de feu Sol-Marc Favreau.

Laissez-Porter, à la TOHU du 23 septembre au 2 octobre.