Il fut une époque où les lancements de disques étaient des 5 à 7 où des initiés de l'industrie buvaient des verres gratuits. De plus en plus d'artistes choisissent plutôt de faire des spectacles.

Jeudi soir, celui de David Giguère pour son premier album solo, Hisser Haut, était même gratuit. Une belle façon d'aller à la rencontre de son public et de montrer que le talent est à la hauteur des chansons. «Cela a été une belle année 2011, j'ai envie de partager 2012 avec vous» a lancé à la foule l'auteur-compositeur.

Le parterre du National était rempli et les spectateurs présents ont eu droit à un spectacle de qualité de 60 minutes et des invités de marque, que ce soit Fanny Bloom, Ariane Moffatt et Emmanuel Schwartz. David Giguère et ses nombreux musiciens étaient solides, beaucoup plus rock que sur l'album, et leur mur de son était impressionnant pour une première sortie publique médiatique.

Une image de bateau surplombait les musiciens. La mise en scène (conçue en collaboration avec Claude Poissant) donnait simplement un effet de gang qui s'amuse et qui maîtrise pleinement où le bateau s'en va.

Pendant les premières chansons, David Giguère était surtout aux claviers, souriant souvent comme un enfant avec la candeur naturelle de ses traits. Il a servi une version bien rock de sa pièce Madame M, avec une aisance sur scène manifeste.

Après avoir confié aux spectateurs que «ça fait du bien» d'être sur scène après le brouhaha de promotion, il a raconté être arrivé à Montréal en déménageant à l'intersection de la rue Saint-Denis et de l'avenue Mont-Royal, ce qui était l'idéal pour être au coeur de l'action, mais «peut-être pas pour l'équilibre».

Fanny Bloom a alors fait le saut sur scène dans une jolie robe dorée pour le magnifique - mais trop court - duo de l'album intitulé Permettez-moi, qui porte sur l'amour à distance.

De doux éclairages évoquant des bulles d'air dans l'eau illuminaient ensuite David Giguère, puis le public s'est laissé entraîner par les airs galopants d'Encore, suivi de La Chose et L'Atelier, excellent et prenant premier extrait de l'album.

Le chanteur a un beau chant de gorge à la fois sensible et masculin, mais il doit faire attention quand il prend des déclinaisons à la « Pierre Lapointe ». Une mention s'impose également sur la douce et jolie voix de sa choriste Camille Poliquin, qui ajoute beaucoup de délicatesse et de sensibilité aux chansons de Giguère. Ce dernier dit par ailleurs avoir eu à se retenir en studio «pour ne pas mettre la voix de Camille partout».

Plusieurs fois dans le spectacle, le jeune homme de 23 ans s'est dit «super touché». Celui qui fait aussi du théâtre, du cinéma et de la télé est un véritable artiste qui parle de son album comme d'un «projet» et «un processus». Et lui qui avait peur d'être trop «théâtreux» comme chanteur n'a pas à s'en faire, même si on voit par ses gestuelles de bras qu'il est animé par énormément d'émotion et d'énergie.

Le spectacle s'est terminé avec Ariane Moffatt, directrice artistique de l'album, qui est arrivée sur scène avec une larme à l'oeil. Le réalisateur Pierre-Philippe Côté, alias Pilou, était avec sa guitare pour une belle version acoustique de 1-2. Beau et sympathique.

David Giguère mérite grandement ses mentors. On a bien hâte de voir la suite des choses pour lui. Il lancera son album au Cercle, à Québec, le 2 février. Il assurera également quelques premières parties pour Ariane Moffatt en mars.

Pour mieux connaître son parcours, lire notre entrevue ici.

Les musiciens qui accompagnaient David Giguère au National sont:

Basse: Laurence Lafond-Beaulne

Voix et claviers: Camille Poliquin

Batterie: Benjamin Vigneault

Guitare, claviers et programmation: Nicola Ormiston

Violon: Sara Jasmin

Violon: Julie Jasmin

Violoncelliste: David Aubé

Trompette: Christian David

Éclairages: Mathieu Denoncourt