L'auteure, compositrice et interprète Zaza Fournier est un anachronisme sur scène: ce nouveau visage de la chanson française se présente à son public seule, s'accompagnant simplement de son fidèle accordéon... et de son iPod. Premier contact avec celle qui connaît cet été son baptême des FrancoFolies.

«J'ai hâte, on me dit que c'est génial chez vous, qu'on peut faire du shopping et manger du sirop d'érable», dit Zaza Fournier, 24 ans, qui semble franchement emballée de poser le pied en sol québécois pour la première fois.

Tout nouveau, tout beau, pour la musicienne: premières Francos à La Rochelle il y a quelques semaines - «C'était extraordinaire!» -, premier contact avec le public d'ici, c'est une succession de premières pour cette artiste qui a lancé son premier album (éponyme) l'automne dernier. Dommage qu'il nous faille la décevoir avant même qu'elle ait fait ses bagages pour Montréal.

Ben oui, quoi. Le sirop d'érable, il faudra le manger en boîte, parce que ce n'est plus la saison, mademoiselle. Pour ça, il faut venir au printemps. «C'est vrai? Aïe... Vous êtes en train de me faire la plus grande déception de ma journée, là!» dit-elle le sourire dans sa belle voix ambrée.

Heureusement, tous les clichés nationaux ne sont pas saisonniers. L'accordéon, par exemple, symbole musical de la Vieille France, s'apprécie toute l'année...

Au Québec, à tout le moins, relève Zaza Fournier: «En France, l'accordéon a une histoire, disons, sensible. Soit on adore, soit on déteste. Ceux qui connaissent mal l'instrument disent de lui qu'il est ringard, que c'est dépassé. On l'associe tout de suite à la musette, et ça me mettait en colère lorsque je jouais dans les bars, parce que j'avais plutôt envie de parler de ma musique.»

D'où l'idée de se faire accompagner par un iPod, sur lesquelles toutes les pistes d'accompagnement de ses chansons ont été téléversées. Un procédé original et pratique qui, de plus, a l'avantage de faire jaser. «Mais tout ça est arrivé pour des raisons très concrètes, explique la musicienne. Vous savez, j'ai commencé à jouer dans la rue, et c'est ensuite qu'on m'a proposé de jouer dans les bars. À ce moment-là, je travaillais sur la maquette de mon album. Mon imprésario m'a dit: bon, tu ne connais pas de musiciens qui veulent t'accompagner, ça ne pourrait pas être une solution, pour pouvoir jouer partout, d'utiliser le iPod?»

De plus, ajoute-t-elle, l'outil en révèle sur la facture sonore de ses chansons. Qui ne prennent ni le vernis de l'époque Douce France, encore moins la ringardise dont on taxe la musette. «Il y a des rythmes électroniques, des synthés, à côté de l'accordéon et de la clarinette. Du coup, le iPod, ça parle de ma génération.»

Zaza Fournier a découvert l'accordéon grâce à sa tante, chez qui elle passait ses vacances dans le Sud, durant son adolescence. Coup de foudre pour l'instrument, qu'elle a appris à maîtriser en autodidacte, et qu'elle a continué à pratiquer durant ses huit années d'études au conservatoire d'art dramatique. Pour se faire des sous pendant ses études, elle a commencé à jouer dans les rues de Paris. Zaza se destinait au métier d'actrice, c'est finalement la chanson qui lui aura permis de rencontrer son public, après qu'une représentante de Warner France se fut entichée d'elle, de son personnage, de son univers.

«Bien sûr que j'étais surprise qu'une major s'intéresse à moi. Moi, je leur ai dit: vous êtes sûrs que vous ne vous plantez pas? C'est pas la meuf d'à côté qui vous intéresse, plutôt? J'étais sidérée.» Zaza Fournier, qui cite Piaf, Elvis et Tom Waits parmi ses influences, impose déjà sa forte personnalité sur ce premier disque de chanson pop baroque aux ambiances musicales fort différentes, habitées par une voix colorée qui rappelle, de manière lointaine, la Mademoiselle Kaas qui chantait le blues.

Une découverte à faire, demain soir, au Cabaret Juste pour rire, dans un programme double qui met aussi en vedette Caïman Fu.