Question rapide: qui a écrit le classique de la littérature canadienne Les belles-soeurs? Et L'histoire de Pi? Vous donnez votre langue au chat? Vous n'êtes pas le seul. Les Canadiens connaissent mal leurs auteurs, révèle un sondage dont La Presse a obtenu les résultats.

Le constat a de quoi attrister les auteurs du pays. Selon une enquête menée cet été par Patrimoine Canada, les deux tiers des francophones et des anglophones âgés de plus de 15 ans affirment qu'ils ne connaissent pas du tout ou pas très bien les auteurs canadiens. La situation est encore pire au Québec, où ce taux atteint les 72%.

À peine plus de la moitié des Canadiens sont capables de nommer spontanément ne serait-ce qu'un seul auteur né au Canada. Margaret Atwood - lauréate du prestigieux Booker Prize en 2000 pour son roman Le Tueur aveugle et certainement l'une des plus connues au pays et à l'étranger - arrive en tête des écrivains cités (22% des répondants), suivie de loin par Pierre Berton, Farley Mowat et Michel Tremblay (5% des mentions).

Acheter localement? Pas pour les livres...

Ceci explique sans doute cela: les Canadiens consacrent somme toute assez peu de temps à lire la prose de leurs compatriotes. En effet, à peine 22% des ouvrages que les répondants affirment avoir lus au cours des 12 derniers mois ont été écrits par des Canadiens. En fait, les consommateurs accordent très peu d'importance à la nationalité de l'auteur du livre qu'ils achètent: ce facteur arrive à l'avant-dernier rang dans la liste qu'on a proposée aux répondants.

«Ce qui m'intéresse, c'est d'abord le sujet, l'histoire du roman, pas la personne qui l'a écrit, confirme Robert Émery, rencontré dans une librairie du centre-ville de Montréal. En fait, je dirais même que je préfère les auteurs étrangers parce qu'ils me font découvrir plus de choses en me racontant comment est la vie dans leur pays.»

Pour sa part, Daniel Blais n'achète que des livres québécois, ou presque. Mais ce n'est pas tellement pour encourager la culture locale. «Je me passionne pour l'histoire du Québec, mais il y a peu d'auteurs étrangers qui se sont spécialisés dans ce domaine!» dit ce Montréalais.

Roger Poulin affirme quant à lui se faire un devoir d'acheter des fromages québécois et le plus de produits du terroir possible, «mais pour les livres, je ne suis pas encore prêt».

Joëlle Gagnon, libraire en chef de la librairie Raffin, rue Saint-Hubert, note que la nationalité de l'auteur ne devient un critère pour ses clients que lorsqu'ils prévoient offrir un livre en cadeau à un étranger. «Les demandes pour des auteurs canadiens sont très rares, mais elles sont un peu plus fréquentes pour les écrivains québécois depuis quelques années», note-t-elle.

Enfin, selon le sondage, les lecteurs du Québec sont plus nombreux que ceux des autres provinces à affirmer que la totalité des livres qu'ils ont achetés dans la dernière année étaient canadiens.

Ce sondage a été réalisé par téléphone auprès de 1502 Canadiens de plus de 15 ans, du 5 au 22 juin 2008. La marge d'erreur des données nationales est de 2,5%, mais augmente pour les résultats provinciaux, basés sur de plus petits échantillons.