La Deutsche Kammerphilharmonie Bremen -la Philharmonie allemande de chambre, de Brême- est de retour au Festival de Lanaudière pour une intégrale des quatre Symphonies de Schumann marquant le bicentenaire de la naissance du compositeur.

Comme lors de ses précédents passages à Lanaudière, l'orchestre allemand de quelque 50 musiciens est dirigé par le chef estonien Paavo Järvi, son titulaire depuis six ans.

Cette intégrale Schumann tient en trois concerts: le premier avait lieu hier soir, le deuxième a lieu ce soir, 20h, et le dernier, demain après-midi, 14h.

Les trois programmes, on le sait, ont été en partie modifiés, et sans explication.

Hier soir, on entendait le triptyque Ouvertüre, Scherzo und Finale, annoncé pour demain après-midi, la deuxième Symphonie, d'abord programmée pour ce soir, et la quatrième Symphonie, seule oeuvre maintenue du programme original.

Ce soir, on entend la première Symphonie (dite Printemps), qui devait être jouée hier soir, et l'ouverture de Genoveva, qui ne figurait pas à la programmation initiale et remplace l'ouverture de Die Braut von Messina.

Enfin, l'ouverture de Manfred, qui devait ouvrir le programme d'hier soir, ouvrira celui de demain après-midi. Programmée pour demain, la troisième Symphonie (la Rhénane) n'est pas déplacée.

Les deux solistes ne sont pas déplacés non plus: tel qu'annoncé, Hilary Hahn joue le Concerto pour violon de Beethoven ce soir et Piotr Anderszewski joue le Concerto pour piano K. 453 de Mozart demain après-midi.

L'auditoire était plutôt mince hier soir: moins de 2000 personnes. Trois explications possibles: le froid subit, le fait que Schumann attire moins que Beethoven, par exemple, et l'absence de soliste. Concernant le baromètre, le conseil est de s'habiller chaudement. Côté soliste, la question ne se posera pas ce soir, Hilary Hahn étant l'une des superstars actuelles de la musique.

Reste Schumann. On joue rarement ses symphonies et c'est grand dommage car ce sont des oeuvres absolument magnifiques, avec un côté sombre, très allemand. Ici, rien de viennois! La réputation de mauvais orchestrateur qu'on a faite à Schumann ne tient d'ailleurs pas debout lorsqu'on suit sa riche polyphonie dans la lecture de Järvi, dont l'acoustique de l'Amphithéâtre reproduit en détail toute la transparence.

Au départ, les effectifs plus intimes que ceux d'un grand orchestre symphonique et la répartition des violons à gauche et à droite du podium sont autant de facteurs qui clarifient les échanges au sein de la masse orchestrale.

Mais il y a davantage: l'expression toujours noble et même chaleureuse que Paavo Järvi obtient de cet orchestre qui fait corps avec lui. J'avais quelque appréhension, ayant trouvé un peu froids ses Beethoven de 2007. Son Schumann n'a jamais le ton romantique des chefs d'une certaine époque et, en même temps, il ne laisse jamais indifférent.

L'Adagio espressivo de la deuxième Symphonie est sûrement le plus beau mouvement lent du répertoire symphonique schumannien et la conception de Järvi fut en accord jusqu'à la dernière note. Le triptyque mentionné plus haut est une sorte de symphonie sans mouvement lent et constitua hier soir une convaincante entrée en matière. Dans la quatrième Symphonie (comme dans le reste du programme), Järvi fit toutes les reprises et, suivant l'indication de la partition, en enchaînant chaque mouvement au suivant. Ce qui, Dieu soit loué, empêcha le public d'applaudir dès que le chef baisse les bras!

En réponse à l'ovation, l'orchestre joua l'Allegretto de la charmante huitième Symphonie de Beethoven.