(Montréal) Pierre Karl Péladeau déplore l’incertitude que laisse planer Air Canada sur sa prise de contrôle de Transat A. T. à la suite de l’autorisation accordée jeudi par Ottawa au transporteur.

Dans une lettre ouverte envoyée aux médias, samedi, l’homme d’affaires rappelle aussi qu’il souhaite lui-même « reprendre » Transat et qu’il a « les moyens de ses ambitions ».

Jeudi, le gouvernement fédéral a donné son feu vert à l’acquisition de Transat A. T. par Air Canada, une décision qui s’accompagne d’une série de conditions.

Vendredi, à l’occasion du dévoilement de ses résultats du quatrième trimestre, Air Canada s’est limitée à rappeler que la date butoir entourant la vente du voyagiste avait été fixée au 15 février alors que la Commission européenne n’a toujours pas tranché.

Après cette échéance, les deux parties ne sont plus liées à la transaction. Elles peuvent toutefois s’entendre pour repousser la date butoir.

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Selon M. Péladeau, Air Canada fait perdurer une incertitude depuis près d’un an et demi qui accentue la menace à la survie de Transat.

« Voilà que la direction d’Air Canada, ayant obtenu l’accord du gouvernement du Canada, s’interroge sur sa capacité ou sa volonté de clôturer la transaction alors qu’elle requiert encore l’autorisation de la Commission européenne », écrit M. Péladeau.

Il rappelle également l’accueil défavorable du Bureau de la concurrence du Canada à l’égard de la transaction, qui s’inquiétait en mars dernier d’une hausse des prix pour les voyageurs ainsi que d’une diminution des services.

Par l’engloutissement de Transat, étant un concurrent direct pour la très grande majorité des trajets transatlantiques et des “ destinations soleil ”, Air Canada concentrerait plus de 60 % du marché, un seuil inacceptable dans quelques industries que ce soit.

Pierre Karl Péladeau, dans une lettre ouverte

Selon M. Péladeau, un seul véritable argument a été retenu par le gouvernement du Canada pour justifier son autorisation : « à défaut d’accepter la proposition, l’entreprise disparaitra ! »

Or, la situation est « tout autre », affirme-t-il, rappelant sa propre offre pour Transat A. T.

« Contrairement aux membres du conseil d’administration de Transat qui ont les mains liées par les termes de leur entente avec Air Canada, le ministre des Transports aurait dû communiquer avec moi, comme l’a pourtant fait la Commission européenne à plusieurs reprises, pour connaître les détails de mon offre », écrit M. Péladeau.

Pour celles et ceux qui en doutent, j’ai les moyens de mon ambition et je souhaite reprendre Transat pour que les Québécoises et les Québécois puissent continuer de bénéficier du choix que la concurrence procure.

Pierre Karl Péladeau, dans une lettre ouverte

En décembre dernier, les actionnaires de Transat A. T. avaient voté en faveur de la proposition révisée à 5 $ l’action d’Air Canada. La proposition précédente était de 18 $ par action dans le cadre d’une offre évaluée à 720 millions, mais celle-ci avait été révisée à la baisse dans la foulée de la crise provoquée par la pandémie.

Le mois dernier, l’entreprise avait réitéré son appui à l’offre d’Air Canada lorsqu’il avait été révélé que M. Péladeau avait soumis, à titre personnel, une proposition non sollicitée de 5 $ par action le 22 décembre.

M. Péladeau croit qu’Air Canada sera en défaut de respecter la date butoir de lundi pour conclure la transaction, et que les membres du conseil d’administration de Transat retrouveront « leur liberté ».

Air Canada les invitera toutefois à convenir d’« un énième délai engendrant comme conséquence une fragilisation continue de l’avenir de Transat », déplore-t-il.

« Je les invite à trouver les termes raisonnables d’une entente avec mon groupe pour que nous puissions sauver Transat, ensemble », conclut M. Péladeau dans sa lettre.