Il faut attendre son tour plus que jamais pour passer sous le bistouri au pays et dans la province. Au Québec cette année, l'attente moyenne pour se faire opérer atteint un sommet de 19,9 semaines, ce qui représente 139 jours, comparativement à 18,8 semaines en 2010. Et quand le Québec se compare avec le reste du pays, le portrait n'est pas plus rose, révèle l'étude annuelle sur les soins de santé de l'Institut Fraser, qui sera dévoilée aujourd'hui et que La Presse a obtenue.

Ainsi, on apprend qu'en Ontario, le temps d'attente était le plus court en 2011, avec une moyenne de 14,3 semaines. La Colombie-Britannique arrive en deuxième position avec un temps moyen, tout de même très élevé, de 19,3 semaines. Pour l'ensemble du Canada, l'attente moyenne pour obtenir une opération a atteint un record peu enviable de 19 semaines en 2011. Il s'agit de la pire performance jamais enregistrée depuis 1993, année où l'Institut Fraser a commencé à se pencher sur la question.

L'Institut, organisme canadien indépendant de recherche en politique publique, a examiné 12 spécialités dans les 10 provinces, en novembre dernier, pour en arriver à ces conclusions. Toutes provinces confondues, les patients en attente d'une opération en chirurgie plastique sont ceux qui doivent prendre davantage leur mal en patience, avec une moyenne de 41,6 semaines. Sur une note plus encourageante, les délais sont moins longs en oncologie (des interventions souvent classées urgentes); ils sont de 4,2 semaines, ce qui représente tout de même plus de 30 jours.

Le couloir de services

Les chercheurs de Fraser ont ensuite décortiqué le couloir de services, de la première ligne jusqu'à la table d'opération. Au Québec, le temps d'attente moyen entre la consultation avec un médecin de famille et le rendez-vous avec un médecin spécialiste a grimpé de 8,9 semaines, en 2010, à 9,5 semaines en 2011. La moyenne nationale est de 9,5 semaines, également en hausse comparativement à 2010, où l'attente moyenne était de 8,9 semaines.

Sur la même lancée, la deuxième et ultime étape, de la consultation avec un spécialiste à la table d'opération, a aussi été analysée. Les Québécois ont attendu en moyenne 10,7 semaines cette année, ce qui est supérieur à la moyenne au pays de 9,5 semaines. L'Ontario se démarque encore à ce chapitre, avec une moyenne d'attente de 7,1 semaines avant le traitement. Il s'agit toutefois d'une hausse par rapport à l'attente de l'an dernier, qui était de 6,2 semaines.

Politique nationale

Le Canada a pourtant instauré une politique nationale, il y a quelques années, afin de diminuer le temps d'attente en chirurgie. Au Québec, le ministre Bolduc a révélé, en février 2010, qu'il n'était pas rare pour un patient de devoir attendre plus de six mois pour une intervention à la hanche, au genou ou pour la cataracte, dans plusieurs régions, dont Montréal, Laval, l'Outaouais et les Laurentides.

Le ministre de la Santé a largement critiqué les chirurgiens en leur demandant de rendre publiques leurs listes d'attente jugées «trop longues». La demande a été reçue comme un affront par l'Association québécoise des chirurgiens. À la lumière de ces données, le gouvernement risque de revenir à la charge, cette fois sur un ton plus grave. Surtout dans le contexte très critiqué du financement de la santé, le poste de dépenses le plus important.