Le nombre de cas de cancer de la peau ne cesse d'augmenter au Québec et au Canada. Parmi les coupables les salons de bronzage, toujours aussi fréquentés, surtout par les adolescentes.

La situation est si préoccupante que l'Association canadienne des dermatologues vient de lancer une campagne de publicité virale pour inciter les jeunes femmes à ne pas utiliser ces installations. Au même moment, une pétition circule au Québec pour demander au gouvernement d'interdire l'accès à ces établissements aux personnes de moins de 18 ans.

En 2001, il y a eu 70 000 nouveaux cas de cancer de la peau au Canada. Cette année, la Société canadienne du cancer prévoit qu'il y en aura 74 000. Le nombre de cas de mélanome explose aussi depuis quelques années. Au Québec, il est passé de 570 en 2001 (dont 140 morts), à 760 aujourd'hui (dont 180 morts).

Ces données ne sont toutefois que des estimations, car les statistiques exactes sur le nombre de cancers de la peau restent difficiles à obtenir au Québec. Seuls les mélanomes traités en milieu hospitalier sont comptabilisés. «Les cancers de la peau traités en cabinet privé ne sont pas comptés. On pense que le nombre de cas de mélanome est sous-estimé de 30 % à 35 %», note le porte-parole de la Société canadienne du cancer (SCC), André Beaulieu. Le nouveau registre du cancer mis sur pied par Québec en avril dernier corrigera la situation, car tous les cancers de la peau seront comptabilisés, confirme la porte-parole du ministère de la Santé, Nathalie Lévesque.

Attention aux salons!

Dermatologue à l'hôpital Sainte-Justine, la Dre Catherine McCuaig confirme que les cas de cancer de la peau augmentent de façon exponentielle. «On ne voit pas vraiment plus de cas chez les enfants, mais on en voit maintenant plus souvent chez les jeunes adultes dans la trentaine, dit-elle. On ne voyait pas ça avant.»

Les personnes les plus à risque sont les femmes de 16 à 29 ans. «Dans cette tranche de population, le bronzage en salon est très populaire. Et on sait que 76 % des cas de mélanome sont attribuables au bronzage artificiel chez les femmes de 16 à 29 ans, affirme M.Beaulieu. Les appareils utilisés sont très puissants, et plusieurs les utilisent sans mettre de crème solaire, pour accélérer les résultats.»

La situation est si inquiétante que la SCC fait circuler une pétition depuis le début de juin pour demander au gouvernement d'interdire les salons de bronzage aux jeunes de moins de 18ans. La Nouvelle-Écosse, le district de Victoria, en Colombie-Britannique, et d'autres pays comme l'Australie, la France et l'Allemagne le font déjà.

L'Association canadienne de dermatologie a quant à elle lancé le 25 juillet une campagne de publicité virale intitulée Le bronzage, c'est vraiment pas cool. On y voit trois jeunes filles qui tentent d'obtenir un hâle à l'aide d'un grille-pain, d'un gaufrier et d'un fer à repasser. «Nous cherchions un moyen de dénormaliser le bronzage, explique le Dr Ian Landells, président sortant de l'ACD, dans un communiqué. On ne songerait jamais à se mettre la tête dans un gaufrier, alors pourquoi aller s'allonger sur un lit de bronzage, qui est beaucoup plus dangereux?»

L'Association canadienne de dermatologie estime que l'utilisation des appareils bronzants avant l'âge de 35 ans augmente de 75 % les risques d'avoir un mélanome.

«La campagne de publicité est très bien. Ça fait comprendre aux jeunes que le bronzage n'est pas anodin. On brûle réellement!», note M.Beaulieu.