Un nouveau projet se dessine à Montréal: vendre les vastes terrains de l'hippodrome et, avec les profits de la vente, aménager une piste de chevaux de course sur les terrains contaminés et peu constructibles que la Ville possède sur les rives du fleuve, entre les ponts Victoria et Champlain.

Le projet est porté par Marcel Lacaille, principal propriétaire de chevaux de course au Québec, et soutenu par Serge Savard, ancien joueur étoile du Canadien et vice-président d'une société immobilière. Une partie importante du milieu des courses y est favorable.

M. Lacaille, membre actif de la Société des propriétaires et éleveurs de chevaux Standardbred, a fait valoir son projet à Claude Dauphin, président du comité exécutif de la Ville, lors d'une rencontre, cet automne. Il en a parlé aussi au sous-ministre des Finances, Jean Houde.

«M. Lacaille a dit que les courses pourraient se tenir pendant la saison estivale, a indiqué Bernard Larin, porte-parole du comité exécutif, au cours d'un entretien, hier. Il s'agit des terrains de l'ancien Adacport. M. Dauphin a posé des questions. La Ville n'est pas fermée à l'idée. On aimerait voir le projet dans son ensemble.»

La Ville de Montréal souhaite développer les terrains de l'actuel hippodrome, situé près des autoroutes Décarie et Métropolitaine, a souligné M. Larin. L'accès en sera amélioré par le prolongement du boulevard Cavendish. Il n'y a presque plus d'activités hippiques dans l'ancien hippodrome, mieux connu sous le nom de Blue Bonnets.

En 2006, le gouvernement a privatisé les courses de chevaux au profit de la compagnie Attractions Hippiques, du sénateur Paul Massicotte. Le printemps dernier, cette société s'est placée sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers. Aucune course ne s'est déroulée à l'hippodrome de Montréal cet été et quelques-unes seulement ont eu lieu pendant l'automne. Aucune autre n'est prévue avant mai prochain.

Marcel Lacaille, propriétaire de la ferme Canaco à Saint-Bernard-de-Lacolle, ne croit pas qu'Attractions Hippiques puisse sauver l'industrie des chevaux de course. Selon une évaluation, le terrain de Blue Bonnets, qui appartient au gouvernement du Québec, pourrait être vendu pour 80 millions, dit-il. Une partie de ce profit pourrait servir à l'aménagement d'un nouvel hippodrome sur les terrains de l'ancien Adacport.

«Il suffirait de 50 millions pour aménager une piste de 7/8e de mille, des gradins pouvant recevoir de 8000 à 10 000 spectateurs et un club-house, assure-t-il. Une partie de l'espace pourrait être loué à Loto-Québec. Il n'y aurait pas d'écuries sur place. Mais ça assurerait du travail à bien des gens. L'hippodrome serait dirigé par un Jockey Club.»

M. Savard, lui-même propriétaire de quelques chevaux, a confirmé qu'il voulait donner un coup de pouce pour relancer les courses hippiques à Montréal. «Dans les années 70, j'avais plusieurs chevaux, dit-il. Les courses, c'était le fun. Le samedi matin, on allait faire jogger les chevaux avec les enfants. Il faut que le fun revienne à Montréal. Et en cette période économique difficile, ça peut assurer de l'emploi. Mais il faut d'abord régler le litige avec Attractions Hippiques.»

«Le gouvernement est toujours lié par contrat à Attractions Hippiques, a souligné Jacques Delorme, porte-parole du ministère des Finances, qui a refusé de commenter la rencontre entre M. Lacaille et le sous-ministre Jean Houde. La destinée des courses se trouve entre les mains du syndic, a ajouté M. Delorme. C'est lui qui va formuler des recommandations. Le ministère les attend. Quand il les aura, il pourra les étudier. D'ici là, aucune décision ne sera prise.»