Mille quatre cent quatre-vingt-un cas de toxi-infections alimentaires ont été signalés au Québec en 2008-2009. Une hausse de plus de 40% qui pourrait être en partie attribuable à la crise de la listériose de l'année dernière, mais aussi à des cas d'empoisonnements supposés qui sont en fait des allergies alimentaires. Néanmoins, durant cette période, la maladie du hamburger a touché moins de Québécois que les années précédentes. Les autorités sanitaires ont maintenant un autre aliment dans leur ligne de mire: les sushis.

Le spectre de la Listeria vient de réapparaître avec un bilan à la hausse de toxi-infections alimentaires au Québec, pour l'année dernière. Une augmentation de plus de 40% a été enregistrée.

 

«Il y a eu une grande augmentation, explique la microbiologiste Danielle Ramsay, coordonnatrice provinciale aux toxi-infections alimentaires à la Direction du laboratoire d'expertise et d'analyses alimentaires. Mais plusieurs cas sont en lien avec l'éclosion de listériose de l'année dernière. Lorsqu'une situation obtient beaucoup d'écho dans les médias, les consommateurs sont plus susceptibles de déclarer leurs intoxications. Ça crée une conscientisation générale: les gens se disent que, s'ils sont malades après avoir mangé dans un établissement, c'est peut-être plus que des maux qui courent. Ils apprennent qu'ils peuvent le signaler au gouvernement.»

Mme Ramsay rédige actuellement son rapport relatant tous les épisodes d'empoisonnements alimentaires au Québec pour l'année 2008-2009. Il sera déposé plus tard cet automne. Mais la hausse, sans équivoque, a déjà été notée.

Le bilan de l'année 2008-2009 est donc de 1481 cas de toxi-infections signalées. Un signalement peut toutefois cacher plusieurs cas de maladie. Si plusieurs personnes mangent ensemble, par exemple, et que tout le monde souffre de la même intoxication.

La normale québécoise est d'environ 1000 signalements par année. En 2000, toutefois, le Québec avait aussi connu une hausse des cas d'intoxication alors que 1618 signalements avaient été faits après une éclosion de cas de la maladie du hamburger.

La moitié des empoisonnements alimentaires au Québec surviennent après un repas à la maison et sont souvent causés par une mauvaise manipulation des aliments ou par des problèmes d'hygiène qui mènent à une contamination croisée.

Le bilan annuel est très révélateur des habitudes alimentaires des Québécois et de leur état de santé. Le dernier bilan devrait notamment révéler une augmentation des cas d'empoisonnements supposés qui sont en fait des allergies alimentaires. Il s'agit d'épisodes où le patient mange un aliment en toute confiance puisqu'il n'y a pas mention de l'allergène sur son emballage. Il est ensuite malade et l'investigation démontre qu'il y avait finalement une erreur dans l'étiquetage.

L'étiquetage déficient est l'un des plus fréquents motifs de rappel de produits par l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Meilleures habitudes

Malgré cette augmentation des toxi-infections, moins de Québécois ont contracté la maladie du hamburger qu'habituellement. «C'est peut-être que les gens ont pris l'habitude de mieux cuire la viande», estime Danielle Ramsay.

Il faudra attendre quelques années afin de voir si la baisse des cas de la maladie du hamburger est vraiment une tendance. Quoi qu'il en soit, il reste beaucoup d'éducation à faire sur la manipulation des aliments, estime la microbiologiste. Le laboratoire d'analyses alimentaires voit revenir les mêmes situations régulièrement.

Malgré toute la sensibilisation qui est faite sur l'importance de bien cuire les aliments, il y a toujours des cas de jeunes qui font réchauffer des croquettes de poulet au micro-ondes. «Les gens pensent encore que le poulet des croquettes est cuit, explique Danielle Ramsay, alors que, dans la plupart des cas, il est cru.»

Un autre cas typique est celui des têtes de violon. Elles sont responsables de quelques intoxications chaque année parce que les gens ne les font pas cuire adéquatement. Cette année ne fait pas exception.

Si certaines causes d'intoxication sont très faciles à établir, dans d'autres cas, trouver l'aliment qui est à l'origine de la maladie revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Généralement, après enquête, le quart des intoxications sont jugées sans lien avec l'alimentation du patient.

Danielle Ramsay donne en exemple ce cas de deux adolescents, de deux régions différentes de la province, qui étaient atteints de la maladie du hamburger. Ils n'avaient pas mangé la même chose, mais leurs dossiers avaient des similitudes inquiétantes. Les inspecteurs ont finalement découvert que les deux adolescents s'étaient baignés dans le même lac, la même fin de semaine. C'est après avoir avalé de l'eau qu'ils sont tombés malades, une fois revenus à la maison.

Un autre classique revient aussi régulièrement sur le bureau de Danielle Ramsay: un patient, malade après avoir mangé au restaurant, porte plainte. L'enquête démontre que c'est finalement les nombreuses bières qui accompagnaient la pizza qui sont responsables de ses vomissements.

La majorité des empoisonnements alimentaires demeurent des énigmes, malgré les enquêtes du MAPAQ.