Sans décision à annoncer, ni même de «propositions gouvernementales», le gouvernement Charest convie ce soir une centaine de décideurs économiques et sociaux pour discuter du Québec des 10 ou 20 prochaines années. Hier le premier ministre Charest a martelé qu'il n'y avait pas d'annonces à attendre de la réunion de deux jours - qui comportera tout au plus quatre heures d'échanges, ce soir et demain.

Le gouvernement «n'arrive pas là avec une page blanche», a-t-il insisté, mais il souligne aussi qu'il n'y a pas d'autre engagement «que d'écouter ce que tout le monde a à dire».

 

Ces discussions seront «en lien avec le budget» que déposera en mars le ministre Raymond Bachand, mais surtout reliées «aux conséquences que cela va avoir sur le Québec dans 10 ou 20 ans», a-t-il poursuivi. «On ne passera pas à côté de l'équilibre budgétaire», a-t-il assuré, les questions comme les hausses de tarifs d'électricité et de taxe de vente seront «forcément» abordées. Mais il est clair que le gouvernement voudra maintenir le débat à bonne distance des questions controversées.

Par exemple, M. Charest souhaite une réflexion sur le niveau d'effort gouvernemental pour les familles, des initiatives dont le coût a augmenté de 60%, à cause des services de garde et des congés parentaux. «Cela nous coûte combien, mais par rapport à la démographie cela nous amène où?» a-t-il poursuivi - le Québec a grâce à ces initiatives un taux de natalité plus élevé que la moyenne canadienne et que l'Ontario, sa voisine fortunée.

Parmi les groupes invités, les listes d'épicerie circulent déjà. Du côté de la Santé, on scrutera le niveau de financement. Au moment où Québec veut ramener la croissance de ses dépenses de 4,6 à 3,2%, la simple croissance des coûts en santé est de 6%.

Pour la présidente de l'Association des établissements de santé, Lise Denis, Québec a déjà une pile d'études et de rapports qui recommandent des formules innovatrices pour le financement de la santé. «On les a malheureusement ignorées jusqu'à aujourd'hui», a déploré Mme Denis, exhortant Québec à faire preuve de «courage» devant des choix difficiles. Les rapports de Michel Clair, Jacques Ménard et Claude Castonguay proposaient tous de nouvelles sources de financement, dédiées, pour les budgets de santé.

Du côté du Conseil du patronat, le président, Yves-Thomas Bernard, propose une mobilisation des partenaires économiques et sociaux dans une «campagne de l'audace» pour stimuler l'investissement privé la productivité et la création de richesse.

On demande aussi des mesures pour augmenter la productivité des entreprises en soutenant l'investissement des PME en machinerie et équipement.