Le nouveau plan de match du Parti québécois sur les «valeurs fondamentales de la nation québécoise», qui fait l'objet d'un deuxième projet de loi en deux ans, a déclenché de rudes échanges entre Pauline Marois et Jean Charest mardi.

Au moment où la loi 101 «est encore charcutée par la Cour suprême, et que le gouvernement cafouille sur la question de la laïcité de l'État, il est temps d'envoyer un message clair en inscrivant des valeurs fondamentales dans la Charte», a soutenu mardi la chef du PQ, réclamant l'appui du gouvernement à son projet de loi.Le projet de loi 391 prévoit que le préambule de la Charte des droits et libertés du Québec considère l'égalité entre les femmes et les hommes, la primauté du français et la séparation entre l'État et la religion comme des valeurs fondamentales de la nation québécoise.

On ajoute aussi que la Charte doit également être interprétée pour tenir compte du «patrimoine historique» du Québec.

À l'Assemblée nationale, le premier ministre Charest a ironisé devant cette initiative. Toute la fin de semaine, les délégués péquistes ont soigneusement évité de voter sur quoi que ce soit lors de leur conseil national. Mme Marois dépose un projet de loi «et nous dit que nous devrions voter là-dessus. Mais mes militants n'ont pas voté là-dessus», a souligné M. Charest.

Mme Marois avait proposé au début 2008 l'enseignement de l'anglais au primaire, puis avait même suggéré que l'histoire soit enseignée en anglais au primaire avant de reculer, devant le tollé des ténors souverainistes. Mme Marois «devrait être capable de soutenir la même idée plus qu'une semaine de suite, ce serait déjà un gain important», a lancé le premier ministre. Cette réplique a été jugée «indigne» par la chef péquiste.

La formulation utilisée dans le nouveau projet de loi s'inspire carrément des publicités du gouvernement du Québec sur les valeurs identitaires, le printemps dernier.

Le nouveau projet contient plusieurs changements par rapport au projet de loi 195 sur l'identité, déposé à l'automne 2007 par Mme Marois. Ce projet «est mort au feuilleton, mais pas dans nos têtes», a soutenu la chef du PQ.

On parlait alors clairement de la «laïcité», ce qui allait plus loin que le texte de mardi. Aussi, on voulait tenir compte du «patrimoine culturel» dont l'interprétation était plus difficile que le «patrimoine historique»; dans tous les cas, le but est de préserver des éléments associés à l'histoire de la société, de maintenir les crucifix dans les établissements publics par exemple. «On ne va pas toucher à la croix sur le mont Royal, on ne va pas tomber dans la pure folie et renier ce que l'on est», a dit la chef péquiste.