Les Québécois ne détestent pas avoir un gouvernement minoritaire à Ottawa, même si cela amène son lot d'instabilité, de psychodrames et d'élections à répétition.

De tous les Canadiens, les Québécois sont ceux qui aiment le plus l'idée d'un gouvernement minoritaire, révèle un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse. Selon ce sondage, 29,7% des Québécois ont une bonne impression du travail accompli par les trois gouvernements minoritaires élus depuis 2004.

À cet égard, les Québécois se distinguent des autres Canadiens. Seulement 17,5% des Ontariens ont une bonne impression des gouvernements minoritaires, alors que le taux de satisfaction tombe à 15,4% dans les provinces atlantiques, à 13% en Colombie-Britannique et à 11% dans les Prairies. À l'échelle du pays, l'appui à l'idée d'un gouvernement minoritaire s'élève à 18,5%.

À l'inverse, 14,6% des Québécois interrogés ont exprimé une opinion négative au sujet des gouvernements minoritaires, soit un chiffre comparable à la moyenne nationale (15,9%).

Selon Nik Nanos, président de la firme Nanos, les résultats au Québec démontrent que les électeurs québécois aiment voir le gouvernement fédéral composer avec les exigences du Bloc québécois pour rester en vie.

«Les résultats au Québec sont influencés par les partisans du Bloc, qui sont vraisemblablement plus susceptibles de préférer un gouvernement minoritaire à Ottawa afin d'obtenir plus de concessions», a souligné M. Nanos.

«Mais ces résultats révèlent aussi la situation dans laquelle sont les leaders des partis fédéralistes. Stephen Harper n'a plus la cote auprès des Québécois. Michael Ignatieff demeure une énigme. Jack Layton peut jouir d'une certaine sympathie, mais l'appui au NPD continue de fluctuer», a-t-il ajouté.

Durant les entrevues, la firme Nanos a demandé à ceux qui apprécient les gouvernements minoritaires d'expliquer pourquoi, mais sans suggérer de réponses. Une majorité (54,8%) des Canadiens qui ont une impression favorable ont dit que cela force les différents partis politiques à collaborer à la Chambre des communes.

Selon certaines informations qui ont circulé cette semaine, les conservateurs de Stephen Harper entendent réclamer un mandat majoritaire si des élections ont lieu cet automne. Au dernier scrutin, les conservateurs avaient évité d'évoquer l'idée d'une majorité aux Communes, afin de ne pas effaroucher certains électeurs, comme ce fut le cas en 2004.

Selon des informations obtenues par La Presse, Stephen Harper a déclaré à son caucus, en juin, qu'il ferait campagne pour obtenir une majorité afin d'assurer une stabilité en ces temps de crise économique.

«Il demandera aux Canadiens d'élire un gouvernement majoritaire conservateur. Il fera valoir que l'autre option, c'est une coalition Parti libéral-NPD soutenue par le Bloc, et cela serait néfaste pour l'économie et l'unité canadienne», a soutenu une source conservatrice sous le couvert de l'anonymat.

Selon cette source, Stephen Harper, élu depuis 2006, a démontré qu'il est un premier ministre compétent et que les épouvantails du passé ne fonctionneront plus pendant la prochaine campagne.

Selon Nik Nanos, toutefois, cela comporte des risques. «Cette nouvelle stratégie demande aux Canadiens d'examiner plus à fond les conservateurs. Une démarche risquée car l'attention portera moins sur Michael Ignatieff et les libéraux. Et dans un contexte où les deux partis sont à égalité dans les sondages, tout peut arriver le jour du vote», a-t-il dit.

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Méthodologie

Entre le 30 juillet et le 2 août 2009, la firme Nanos a réalisé un sondage téléphonique auprès de 1002 Canadiens âgés de 18 ans et plus. La marge d'erreur du sondage téléphonique est de plus ou moins 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.