Le Bloc québécois a repris la tête dans les intentions de vote au Québec, après avoir cédé le premier rang au Parti libéral du Canada, le mois dernier. Pendant ce temps, la situation est loin de s'améliorer pour le Parti conservateur et pour Stephen Harper, qui atteignent de nouveaux sommets d'impopularité.

Un sondage CROP-La Presse mené au Québec entre le 14 et le 24 mai derniers montre que le Bloc récolte désormais 36% des intentions de vote, par rapport à 32% pour le PLC. Le Parti conservateur et le NPD sont restés stables depuis le dernier coup de sonde de CROP, avec des scores respectifs de 15% et 12%.

 

Le sondage comporte une série de mauvaises nouvelles pour les conservateurs. D'abord, le taux de satisfaction des Québécois à l'égard du gouvernement fédéral a atteint un nouveau creux depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs à l'hiver 2006. En tout, 65% des répondants au sondage se sont dits plutôt ou très insatisfaits de sa gestion des affaires de l'État. C'est le pire score depuis les 75% obtenus par le gouvernement libéral de Paul Martin, quelques jours avant sa défaite électorale de 2006.

Puis, les troupes de Stephen Harper ont glissé au troisième rang des intentions de vote dans leur bastion de la région de Québec, tout juste derrière le Bloc québécois et à 10 points du Parti libéral. À ce chapitre, le PLC termine au premier rang, avec 33%. C'est du jamais vu depuis janvier 2004, soit quelques semaines avant la publication du rapport dévastateur de la vérificatrice générale sur le scandale des commandites.

Enfin, M. Harper a obtenu son pire score à la question: qui ferait le meilleur premier ministre du Canada. Il a récolté 15% des voix, contre 39% pour Michael Ignatieff et 21% pour Jack Layton. Le dernier chef fédéral à obtenir 15% était Stéphane Dion, quelques jours avant que les conservateurs ne déclenchent les dernières élections.

«Au niveau de la satisfaction, c'est très faible, les intentions de vote stagnent... Le déclin des conservateurs au Québec est bel et bien confirmé», observe Maïalène Wilkins, analyste chez CROP.

Stabilisation des libéraux

C'est une tout autre histoire pour les libéraux. Les résultats du dernier sondage CROP-La Presse mené au Québec le mois dernier, du 16 au 26 avril, les plaçaient au premier rang des intentions de vote au Québec pour la première fois depuis le début de l'année 2004, avec 37%, contre 31% pour le Bloc. Mais selon Mme Wilkins, cette chute de 5 points en un mois n'est pas nécessairement désastreuse pour les troupes de Michael Ignatieff.

«Lorsque notre sondage a été fait au mois d'avril, c'était une période particulière, explique l'analyste. C'était vraiment le moment où M. Ignatieff était très, très présent au Québec. Il y avait une forte présence médiatique, il avait été à Tout le monde en parle, il y avait le lancement de son livre, son discours à Laval était assez récent. L'opération charme d'Ignatieff était en cours.»

«Ce mois-ci, c'est comme si les choses s'étaient stabilisées», note-t-elle.

«On observe une remontée du PLC depuis janvier et le parti est redevenu l'alternative au Bloc au Québec, pour ce qui est de l'option fédéraliste.»

Le sondage CROP-La Presse a été mené par téléphone auprès de 1001 personnes. La marge d'erreur est de 3 points, 19 fois sur 20. À noter que la marge d'erreur pour les échantillons régionaux, comme celui de la région de Québec, est supérieure.

Reste à savoir si ces résultats influenceront la décision du Parti libéral de tenter de provoquer - ou non - des élections avant l'été. Lundi encore, Michael Ignatieff n'a pas écarté cette possibilité. Or, quelques heures plus tard, le groupe CanWest a rendu public un nouveau sondage de la firme Ipsos Reid, qui indique que le Parti conservateur a repris la tête dans l'ensemble du Canada, avec 35% des intentions de vote - une avance de 2 points sur le PLC.