Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, utilise tous les moyens à sa disposition pour convaincre les parlementaires à Ottawa toujours tentés d'abolir le registre national des armes à feu de renoncer à cette idée.

M. Duceppe a décidé d'inviter ses collègues des autres partis à assister à la projection du long métrage Polytechnique de Denis Villeneuve, ce film racontant la fusillade meurtrière survenue à l'École polytechnique de Montréal en décembre 1989.La projection du film aura lieu à 19h le mardi 21 avril sur la colline parlementaire au moment même où le gouvernement Harper tente pour la troisième fois depuis son arrivée au pouvoir d'abolir l'obligation d'enregistrer les armes à d'épaule, soit les fusils de chasse et les carabines, en déposant un projet de loi à cet effet au Sénat.

Minoritaires à la Chambre des communes, les conservateurs le sont aussi au Sénat où la majorité libérale compte s'opposer à cette nouvelle tentative d'abolir une partie du registre des armes à feu. Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a en effet ordonné à ses troupes de voter contre ce projet de loi à la Chambre haute.

Le Sénat reprend ses travaux le mardi 21 avril après deux semaines de congé. Il pourrait être saisi du projet de loi du gouvernement Harper la semaine prochaine. Quant aux députés de la Chambre des communes, ils reprennent le boulot lundi.

Aux Communes, le député conservateur de la Saskatchewan, Garry Breitkreuz a déposé un projet de loi privé qui abolirait complètement le registre national des armes à feu. Mais ce projet de loi a peu de chance d'être sanctionné un jour compte tenu de la farouche opposition du Bloc québécois et du Parti libéral et, dans une moindre mesure, du NPD. Jack Layton compte laisser les députés néo-démocrates voter selon leur conscience lors d'un éventuel vote, mais la majorité des 36 élus sont favorables à l'enregistrement des armes à feu.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, Gilles Duceppe a soutenu que la projection du film Polytechnique la semaine prochaine vise à sensibiliser les parlementaires à la nécessité de maintenir intégralement le registre des armes à feu.

Le chef bloquiste compte d'ailleurs prendre la parole avant la projection du film, tout comme Suzanne Laplante-Edward, mère d'Anne-Marie Edward, une des 14 jeunes femmes tuées le 6 décembre 1989 lors de la fusillade à Polytechnique.

«Ce film est un précieux outil qui nous permettra de sensibiliser les parlementaires fédéraux aux bienfaits des mesures de contrôle des armes à feu», a affirmé M. Duceppe.

Mme Laplante-Edward milite sans relâche pour un meilleur contrôle des armes à feu depuis la mort de sa fille. «Je ne le regarderai pas (le film)», a-t-elle dit dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne. Mais elle sera là pour rencontrer les députés avant la projection des images qu'elle-même trouverait insupportables.

«C'est très important que tous les parlementaires voient le dommage que peut faire une seule arme», a-t-elle dit.

Le chef bloquiste a envoyé une lettre aux chefs des autres formations politiques les invitant à assister à la projection du film. Jusqu'ici, le chef du NPD, Jack Layton, a confirmé sa présence à l'événement.