Pierre Lavoie peut enfin se reposer. Et de façon bien méritée. Son défi est terminé. Épuisé, la voix éteinte, le cycliste a rejoint Montréal hier, après avoir franchi 1000 km en 40 heures depuis le Saguenay-Lac-Saint-Jean pour recueillir des fonds contre les maladies orphelines et inciter la population québécoise à adopter de meilleures habitudes de vie.

«Cela n'a vraiment pas été facile, mais ne vous inquiétez pas! Je suis en bonne forme, alors je vais récupérer rapidement», a lancé l'athlète à son arrivée au Stade olympique, visiblement ému de l'accueil chaleureux que lui avaient réservé quelque 5000 enfants.

Pierre Lavoie ne s'est accordé que 30 minutes de repos au cours de sa folle équipée. «Le manque de sommeil et les dernières montées, en Estrie, ont été plus difficiles que je croyais... Mais je n'ai jamais pensé abandonner.» Pourquoi? «Parce que j'étais obligé de donner l'exemple aux jeunes. Nous avons la responsabilité, nous, les adultes, de leur montrer l'exemple et de les inciter à adopter de bonnes valeurs. Pour qu'ils soient capables, eux aussi, de franchir 1000 km à vélo quand ils seront grands.»

«Si un exemple comme celui-ci ne donne pas le goût de bouger aux jeunes, alors je ne vois vraiment pas qui pourra le faire», a fait remarquer hier Rénald Bergeron. Il faisait partie de l'une des 92 équipes de cinq cyclistes qui ont suivi Pierre Lavoie, se relayant continuellement de manière à ce qu'il ne pédale jamais seul. La satisfaction d'avoir accompli un exploit avait effacé les traces de fatigue et la douleur dans les mollets: «Voir la lueur dans les yeux des enfants quand nous sommes arrivés et des gens qui nous ont encouragés tout le long du parcours, ça valait bien l'effort», a dit pour sa part Marcel Perron.

Le maire Gérald Tremblay a salué cette «leçon de courage à tous les Montréalais».

Durant tout le mois de mai, les jeunes de toutes les écoles primaires du Québec avaient été mis au défi de faire le plus d'exercice possible. Les écoles les plus sportives ont remporté un séjour à Montréal avec une nuit de camping au Stade olympique et la possibilité d'assister à l'arrivée de Pierre Lavoie.

Pour Thomas Dafoe, 10 ans, ce fut l'occasion de prendre l'habitude de marcher tous les soirs avec ses parents. Le message de Pierre Lavoie a bien passé: «Il faut faire attention pour vivre vieux en bonne santé», répétait-il hier à qui voulait l'entendre. Mais Alain Brassard, professeur de quatrième année à Saguenay, a aussi remarqué des bénéfices inattendus: un regain de motivation en classe. «Ce projet commun a eu un effet rassembleur sur toute l'école et raccrocheur pour certains élèves.»

Avis aux intéressés, le défi sera de retour l'an prochain... et sera peut-être même un peu plus corsé, a déjà annoncé Pierre Lavoie hier.