Le renouvellement de 738 000 ordinateurs personnels dans l'administration publique québécoise est l'occasion rêvée pour le gouvernement de «réduire sa dépendance à Microsoft» et de réaliser d'énormes économies grâce au logiciel libre, estime l'opposition péquiste à l'Assemblée nationale.

Marie Malavoy, porte-parole en matière de recherche, et son collègue Sylvain Simard, critique relativement au Conseil du trésor, ont réclamé vendredi que Québec profite de «l'occasion extraordinaire pour faire une place de choix au logiciel libre».

La Presse a révélé vendredi que Québec était sur le point de donner le feu vert à une série d'appels de soumissions pour le renouvellement des ordinateurs, qui fonctionnent pour la plupart sous Windows XP. Microsoft n'offrira plus de soutien technique pour sa plateforme dans deux ans. Avec les coûteuses licences de Microsoft pour Windows 7 et la plus récente version de sa suite bureautique Office, le coût de la migration atteindra 1 milliard de dollars pour Québec. Cette fois, on prévoit désigner une poignée d'organismes pour qu'ils prévoient deux appels d'offres distincts, l'un pour leur système central, l'autre pour les postes «légers» de bureautique, où les logiciels comme Open Office auraient plus de chance de se qualifier.

Insuffisant

La porte entrouverte par Québec, avec ses projets pilotes, n'est pas suffisante, estime Mme Malavoy. «La Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement, adoptée en juin 2011, stipule que le gouvernement doit évaluer les solutions issues des logiciels libres au même titre que les produits Microsoft. Si le gouvernement veut être en adéquation avec sa propre loi, il doit considérer sérieusement l'option des logiciels libres dans son plan de renouvellement des postes informatiques dans la fonction publique», a souligné la députée de Taillon.

«Le Conseil du trésor, à qui est confié le mandat de mener à bien cet appel d'offres, a la possibilité de faire des économies d'échelle importantes en se tournant vers les logiciels libres. Avec un coût moyen estimé de 2000$ par poste informatique, la facture totale s'élèvera à plus de 1,4 milliard de dollars à terme! Il faut que le gouvernement ait un comportement responsable et qu'il étudie toutes les possibilités afin d'opter pour la solution la plus efficace économiquement», a renchéri son collègue Simard.

Comme le porte-parole des «industries du libre» au Québec, Cyrille Béraud, ils constatent que «la plupart des démocraties occidentales ont entamé de profonds débats sur la place des logiciels libres dans leurs infrastructures étatiques. Le Québec est nettement en retard par rapport à de nombreux pays européens et même à certaines provinces canadiennes. Le gouvernement doit réagir promptement pour que le Québec prenne le chemin des logiciels libres et réduise sa dépendance aux produits Microsoft».