Les ex-adéquistes qui militaient contre la fusion avec la CAQ hésitent à se joindre à un des nouveaux partis de droite, soit la nouvelle mouture du Parti conservateur du Québec (PCQ) ou l'Équipe autonomiste, un parti qui n'est pas encore officiellement reconnu par le Directeur général des élections.

«Les gens derrière l'Équipe autonomiste sont des militants bien intentionnés, mais ça n'ira pas très loin. Il faut des noms connus pour lancer un parti», dit Denis Claveau, président de la commission jeunesse de l'ADQ.

M. Claveau était un des cinq membres sur 32 de l'exécutif à avoir voté contre l'entente de principe avec la CAQ. Lors du scrutin postal, l'alliance a été acceptée par 70,48% des membres. Ils n'en restait que 2521.

Claude Garcia, ex-président de la commission politique, prévoit rencontrer bientôt ses partenaires de Restons ADQ, collectif contre l'alliance avec la CAQ. Comme M. Claveau et l'ex vice-président à la commission politique, Adrien Pouliot, M. Garcia se dit «orphelin politique». Il dit aussi ne pas bien connaître le PCQ. Ce qu'il en sait ne le séduit toutefois pas particulièrement. «Je dois me familiariser avec leur programme, mais la question religieuse m'ennuie un peu», avoue-t-il. Même son de cloche de M. Pouliot.

Ils font allusion à Richard Décarie, président des communications du PCQ et porte-parole de la Coalition pour la liberté en éducation, qui s'oppose au cours obligatoire d'éthique et culture religieuse. M. Décarie est aussi derrière l'Action conservatrice traditionnelle, un groupe qui vise à «défendre les valeurs traditionnelles obtenues souvent dans la souffrance par nos ancêtres» et qui dénonce les «forces gauchistes et laïcistes».

«Je suis tanné de ces niaiseries-là, a réagi Luc Harvey, chef du PCQ, après avoir été informé de ces réserves d'ex-adéquistes. M. Harvey est un ancien député fédéral du Parti conservateur à Québec. «Tout ce qu'on dit, c'est que c'est aux parents de faire l'éducation morale de leurs enfants. On respecte la séparation entre l'Église et de l'État», a-t-il lancé.

M. Harvey dit n'aller à la messe que pour les funérailles ou Noel. Il ajoute ne pas se positionner sur l'avortement, le mariage gai et l'euthanasie. «C'est de compétence fédérale, et on respecte ça», dit-il. Le PCQ se dit toutefois en faveur du projet de loi C-10 du gouvernement Harper.

Il prône un taux d'imposition unique de 15% et moins d'État. Le parti fédéraliste a conclu un récent communiqué par «Vive le Québec libre».

Le Réseau Liberté-Québec, un groupe de réflexion de la droite économique, se distance déjà du PCQ. «On n'est pas associé de près ou de loin avec eux», dit Joanne Marcotte. Elle invite les Québécois à se familiariser avec «le contenant et le contenu» du parti. Le PCQ est présidé par Jean-François Plante, ex-candidat adéquiste qui avait été congédié en pleine campagne en 2007 par Mario Dumont à cause de ses propos sur les femmes et l'orientation sexuelle du chef du PQ, André Boisclair. Sa candidature à la chefferie de l'ADQ avait été rejetée en 2009.

Adrien Pouliot espère qu'un autre parti verra éventuellement le jour. «La politique, c'est un marché comme un autre. On voudrait que des entrepreneurs politiques offrent un produit qui correspond à nos idées.»

Aucun des ex-adéquistes cités dans ce texte ne prévoit voter stratégiquement pour la CAQ afin de défaire le PLQ et le PQ.