Les Inuits et les autochtones du Grand Nord qui ont quitté l'école sans diplôme reçoivent un coup de pouce d'Ottawa pour les aider à terminer leurs études secondaires.

Bravant le froid hivernal de l'Arctique, le premier ministre Stephen Harper s'est rendu au Nunavut, jeudi, pour bonifier l'une de ses promesses passées, en annonçant un financement de 27 millions $ sur cinq ans pour de nouveaux programmes d'éducation aux adultes du Nord.

Cette mesure vise surtout les nombreux autochtones qui souhaitent retourner sur les bancs d'école pour obtenir leur diplôme général ou pour suivre une formation professionnelle.

On pouvait déjà trouver une allusion à cette promesse dans le plus récent discours du Trône du gouvernement Harper. Elle s'est par la suite traduite dans le budget de juin 2011 en un octroi de 9 millions $ sur deux ans pour «élargir l'offre de programmes en éducation de base pour adultes dans les territoires».

L'annonce faite jeudi à Iqaluit, la capitale du Nunavut, constitue donc une bonification financière de cet engagement antérieur du gouvernement conservateur.

Une seule mention des «autochtones» a été faite dans toute la documentation accompagnant l'annonce, mais ceux-ci sont clairement visés puisqu'ils constituent la très grande majorité des habitants des trois territoires nordiques, et que leur taux de diplomation est bien inférieur à celui des non-autochtones.

Pour le gouvernement, ce sont tous les «adultes du Nord» qui bénéficieront du financement pour les aider à intégrer le marché du travail.

Gardant le cap sur son thème électoral, Stephen Harper dit vouloir contribuer à la création d'emplois. Il vise ainsi une augmentation des taux d'alphabétisation des Inuits et des Autochtones de l'Arctique, en plus de leur permettre d'acquérir des habiletés débouchant directement sur des emplois.

Trois établissements d'enseignement des territoires du Nord canadien - le Collège de l'Arctique du Nunavut, le Collège du Yukon et celui d'Aurora, dans les Territoires du Nord-Ouest - recevront de l'aide financière à cette fin. Pour l'instant, 12 des 27 millions $ promis ont été alloués, le Collège du Nunavut recevant la part du lion avec quelque 11 millions $. Le reste des fonds est disponible et sera distribué selon les projets soumis et en fonction du nombre d'adultes n'ayant pas terminé l'école secondaire dans un territoire donné, a expliqué le gouvernement.

Les initiatives devraient être lancées l'an prochain.

L'argent servira à embaucher des enseignants supplémentaires, à acheter du matériel didactique ou à offrir de nouvelles formations, notamment en plomberie et en cuisine. De nouveaux lieux de formation pourraient être ajoutés pour rejoindre les étudiants éparpillés sur un immense territoire.

Le premier ministre Harper s'est rendu à plusieurs occasions dans l'Arctique, mais toujours pendant l'été, plus tempéré. Il s'agit pour lui d'une seconde visite dans le Grand Nord au plus froid de l'hiver, après celle de Whitehorse en 2007.

Les autochtones ont demandé à répétition au gouvernement fédéral plus d'aide pour les infrastructures scolaires et plus de contrôle sur l'éducation, afin d'améliorer les taux d'alphabétisation et de diplomation qui demeurent très faibles dans les territoires du Nord, bien en deçà de ceux des provinces. Au Nunavut, par exemple, la moitié des adultes n'avaient pas en poche de diplôme d'études secondaires, selon les plus récentes données de Statistique Canada datant de 2006, et le taux de chômage de ce territoire était l'un des plus élevés au pays.

Stephen Harper avait déjà reconnu qu'il était nécessaire d'apporter des changements et a convenu avec les chefs autochtones d'améliorer l'éducation, qui constitue un préalable à l'indépendance économique des communautés.

«En améliorant l'accès à l'éducation de base des adultes, nous donnons aux citoyens du Nord les outils dont ils auront besoin pour faire des études et trouver un emploi dans les secteurs qui stimulent la croissance économique au pays», a fait valoir le premier ministre au Collège de l'Arctique au Nunavut.

Certains chefs autochtones ont critiqué dans le passé l'approche «en silo» adoptée par Ottawa pour s'attaquer aux difficultés vécues par leurs communautés. Ils saluent aujourd'hui l'aide pour l'éducation, mais déplorent qu'elle ne soit pas accompagnée de mesures pour combattre la surpopulation des logements et pour aider leurs membres aux prises avec des problèmes de santé mentale.