Deux anciens membres des Forces armées canadiennes aux prises avec des problèmes de santé mentale affirment que le ministère des Anciens Combattants refuse de couvrir les frais de déplacement associés à la consultation de professionnels de la santé.

Les vétérans ont raconté qu'ils avaient reçu une lettre du ministère les avisant qu'ils devraient désormais assumer seuls les coûts liés aux voyages qu'ils effectuent pour voir leur psychologue ou leur psychiatre.

Âgé de 47 ans, Steve Bird a révélé que le ministère lui avait signalé en juin qu'il ne paierait plus les dépenses engendrées par ses visites régulières à Saskatoon pour consulter des spécialistes. Le ministère lui a plutôt suggéré de trouver des professionnels de la santé à Regina, qui est située plus près de sa résidence du sud-est de la Saskatchewan.

M. Bird a été diagnostiqué avec un stress post-traumatique et a reçu son congé de l'armée pour des raisons médicales en 2008. Il a soutenu qu'il avait fait des progrès avec ses médecins actuels et que changer maintenant risquait de le faire régresser.

«J'ai paniqué quand j'ai appris la nouvelle. Pour moi, c'était comme s'ils détruisaient l'équipe médicale qui m'a permis de redevenir presque normal, a confié l'ex-militaire. C'est très difficile de régler un problème de santé mentale si on repart constamment à zéro.»

L'homme et sa femme, Carla Murray, ont raconté qu'ils se rendaient tous les mois à Saskatoon, située à six heures de route de leur domicile, parce qu'ils y avaient trouvé un psychiatre qui aidait le vétéran à mieux gérer son stress post-traumatique, sa rage, sa nervosité et son anxiété.

Chaque voyage coûte environ 500$ en essence, nourriture et hébergement, une facture que le ministère avait toujours accepté de rembourser. Le couple, dont le seul revenu est la pension du mari, n'a pas les moyens d'assumer ces frais.

Mme Murray a précisé qu'un psychiatre de Regina l'avait informée qu'il y avait une liste d'attente de neuf mois pour se faire soigner là-bas et que l'équipe n'avait pas l'expertise nécessaire pour traiter le stress post-traumatique lié au service militaire.

Craig Pottie, un ex-soldat de 45 ans habitant à Truro en Nouvelle-Écosse, souffre quant à lui de crises de panique à la suite de son passage dans les Forces armées canadiennes. Sa psychologue exerce à Halifax, soit à une heure de route de sa résidence.

En février, le ministère lui a dit que, à compter de juillet, il ne rembourserait plus les frais associés à ce déplacement, même s'il le faisait depuis plus de cinq ans. Il lui a recommandé de dénicher un spécialiste à Truro.

«C'était mon filet de sécurité, a admis M. Pottie, qui n'a pas vu sa psychologue depuis juillet. Sans elle, mon mariage s'est effondré et mon anxiété est pire que jamais, au point où je ne peux plus sortir de chez moi.»

Simon Forsyth, un porte-parole du ministère, a indiqué par courriel que la politique concernant les frais de déplacement n'avait pas changé, mais que les vétérans devaient choisir des professionnels de la santé exerçant le plus près possible de leur domicile.

Il a ajouté que certains anciens combattants pouvaient recevoir une compensation pour consulter un médecin à l'extérieur de leur ville s'ils le voyaient sur une base régulière et s'ils faisaient des progrès significatifs grâce à lui.

Le bureau de l'Ombudsman des vétérans a reçu 129 plaintes concernant les frais de déplacement pour soins de santé depuis 2008, a révélé sa porte-parole, Lisa Monette. Les anciens combattants se plaignent notamment des délais pour obtenir un remboursement, des demandes refusées, de la complexité des formulaires et du manque de cohérence du ministère dans le calcul des distances.