Même si les conservateurs de Stephen Harper dirigent le pays depuis cinq ans, les Canadiens ne sont pas encore tout à fait à l'aise avec l'idée de leur confier un gouvernement majoritaire aux prochaines élections.

Et c'est au Québec où l'on retrouve les poches de résistance les plus fortes à l'idée que Stephen Harper puisse obtenir un gouvernement majoritaire un jour, démontre un sondage réalisé par la firme Nanos pour le compte du quotidien The Globe and Mail et CTV. La Presse a obtenu les détails de ce sondage réalisé auprès de 1016 Canadiens du 11 au 14 février.

Dans l'ensemble du pays, 26,3% des personnes interrogées ont dit être à l'aise devant la possibilité que le Parti conservateur forme un gouvernement majoritaire - doit deux points de pourcentage de moins qu'en 2008 et huit point de pourcentage de moins qu'en 2007. Environ une personne sur cinq (21,7%) se dit plutôt à l'aise avec cette possibilité.

Mais un noyau de 30,3% de Canadiens se disent pas du tout à l'aise de voir Stephen Harper régner sans faire de concessions à la Chambre des communes tandis que 17,6% affirment être plutôt mal à l'aise.

Au Québec, 35,1% des personnes interrogées expriment leur profond inconfort devant cette hypothèse et 28% encore se disent être plutôt mal à l'aise. Seulement 16,7% des répondants verraient d'un bon oeil l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement conservateur majoritaire dès le prochain scrutin et 18,5 estiment être plutôt à l'aise avec cette idée.

Ces résultats sont publiés alors que le Parti conservateur gagne du terrain dans les intentions de votes au point de s'approcher du chiffre magique de 40% d'appuis, la barre que doit franchir une formation politique pour espérer rafler une majorité des 308 sièges à la Chambre des communes.

Le même coup de sonde mené par la firme Nanos accorde en effet 39,7% des appuis au Parti conservateur contre 26,6% au Parti libéral, 18,9% au NPD et 4,9% au Parti vert. Au Québec, le Bloc québécois récolte 37,3% des appuis contre 20,2% au Parti conservateur, 24,4% au Parti libéral, 17,5% au NPD et 3% au Parti vert.

Trois autres sondages publiés la semaine dernière accordent au Parti conservateur une avance variant de 10 à 14 points sur les libéraux de Michael Ignatieff.

Pour le président de Nanos, Nik Nanos, il subsiste donc une méfiance certaine des électeurs canadiens envers le gouvernement Harper même après cinq années de pouvoir.

Et la crainte qu'entretient une partie de l'électorat envers la possibilité d'un gouvernement conservateur majoritaire pourrait être un facteur déterminant durant la prochaine campagne électorale.

«Le niveau de confort des Canadiens envers l'idée que le Parti conservateur de Stephen Harper puisse remporter les prochaines élections et former un gouvernement majoritaire a diminué au cours des quatre dernières années. Mais le plus grand inconfort est manifeste dans la province de Québec», a dit M. Nanos.

«Au cours des dernières années, les conservateurs ont courtisé le Québec de manière périodique pour ensuite ignorer la province. Cela a fait en sorte que les Québécois n'ont pas eu l'occasion de voir un rendement constant de la part du premier ministre», a ajouté le sondeur.

Selon M. Nanos, les leaders qui réussissent bien au Québec sont ceux qui sont perçus comme étant à l'écoute des besoins et des priorités des Québécois. Or, dans des dossiers comme l'environnement ou les affaires étrangères, le gouvernement Harper ne semble pas au diapason avec les aspirations des Québécois, selon lui.

«Le gouvernement Harper met beaucoup l'accent sur la loi et l'ordre, et la criminalité, mais ce n'est pas l'enjeu le plus important au Québec», a expliqué M. Nanos.

Ce sondage comporte une marge d'erreur de plus ou moins 3,1%, 19 fois sur 20. Au Québec, la marge d'erreur est plus élevée (plus ou moins 6,2%).