La hausse des factures d'épicerie sera modeste au Canada en 2012, selon une étude obtenue par La Presse. «Il serait surprenant que les prix des aliments augmentent de plus de 2%, toutes catégories confondues», a indiqué Sylvain Charlebois, coauteur du Food Price Index 2012 de l'Université de Guelph, en Ontario.

Bien des consommateurs ont grimacé aux caisses des supermarchés au cours de l'année qui s'achève, alors que les prix des aliments ont bondi de 4,9% en un an. La hausse a été particulièrement marquée pour les légumes frais (+10,5%) et les oeufs (+11,3%).

En 2012, «les augmentations seront comprises dans une fourchette allant de 0% à 2%», a prévu M. Charlebois. C'est d'abord la tourmente dans laquelle est plongée l'économie mondiale qui ralentit la hausse des prix. «La demande n'est plus autant au rendez-vous, a souligné l'expert. On n'anticipait pas que la situation économique de l'Europe aurait un impact aussi important.»

Déjà, l'indice des prix alimentaires de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a récemment chuté à son plus bas niveau en 11 mois. Une tendance qui est là pour rester: la plupart des prix des produits agricoles pourraient «demeurer inférieurs à leurs niveaux élevés des derniers mois dans un futur proche», selon le dernier rapport semestriel de la FAO.

Walmart force la concurrence à baisser les prix

Au Canada, la vive compétition entre les géants de l'alimentation permettra aussi aux consommateurs d'économiser. «C'est Walmart qui offre le panier d'épicerie le moins cher, a analysé M. Charlebois. Et on prétend que d'ici à 2014, Walmart va augmenter sa part de marché de 3% à 4% en alimentation, ce qui est énorme.»

L'arrivée du détaillant américain Target, qui offrira des aliments dans sa centaine de magasins canadiens dès 2013, force également les supermarchés en place à baisser leurs prix. Déjà, 30 000 Canadiens sont membres de Target, parce qu'ils commandent en ligne ou vont magasiner aux États-Unis, selon l'étude.

L'hyperendettement des ménages fera enfin «en sorte que les consommateurs feront attention à leurs dépenses, a indiqué M. Charlebois. Au lieu d'acheter des produits haut de gamme, ils se tourneront vers des substituts moins chers. J'ai l'impression que les marques privées vont avoir une bonne année 2012».

Recul des ventes des restaurants

La hausse modeste des prix alimentaires prévue en 2012 «est bienvenue», a réagi François Meunier, vice-président de l'Association des restaurateurs du Québec. L'augmentation des coûts de la nourriture est le principal facteur qui nuit à la performance des restos, selon un sondage mené cet automne auprès de 358 restaurateurs de la province. Or, hausser les prix des menus risque de faire fuir la clientèle, a-t-il fait valoir.

Déjà, les ventes des restaurants ont décru de 1,1% de janvier à septembre au Québec, selon Statistique Canada. «C'est inquiétant, a souligné M. Meunier. Les gens éliminent en premier les extras, comme les restos.»

«C'est toujours l'alimentation qui écope quand le coût de la vie augmente, puisque c'est un poste de dépenses compressible, a confirmé Élise Boyer, directrice générale de la Fondation OLO, qui donne oeufs, lait et jus d'orange aux femmes enceintes vivant sous le seuil de faible revenu. La hausse du coût des aliments est un casse-tête pour notre clientèle.»