Les autorités fédérales donnent le feu vert à la réfection de la seule centrale nucléaire du Québec, Gentilly-2, malgré la contestation et les inquiétudes suscitées par l'accident de Fukushima au Japon.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a en effet annoncé, mercredi, le renouvellement du permis d'exploitation de la centrale, qui prévoit aussi sa rénovation. Le permis autorise aussi l'installation de stockage de déchets radioactifs.

Le permis est valide pour cinq ans, du 1er juillet 2011 au 30 juin 2016.

La CCSN a pris cette décision à la suite des consultations publiques tenues à Ottawa et à Bécancour, des audiences qui ont été marquées par des coups d'éclat.

Estimé à environ deux milliards de dollars, le projet de réfection mobilise opposants et partisans. L'opposition péquiste ainsi que des groupes écologistes comme Greenpeace prônent la fermeture pure et simple des installations, ce qui coûterait au bas mot 1,6 milliard de dollars selon Hydro-Québec. D'un autre côté, le gouvernement et des groupes d'affaires privilégient le scénario de prolonger la vie utile de la centrale.

Hydro avait reporté son projet de réfection de 2011 à 2012, notamment en raison de l'explosion des coûts de la réfection en cours à la centrale de Pointe Lepreau au Nouveau-Brunswick, du processus de vente d'Énergie atomique du Canada limitée (ÉACL), ainsi que des incidents nucléaires survenus au Japon à la suite du tsunami du 11 mars dernier.

Hydro-Québec a réagi. Dans une entrevue téléphonique, la relationniste Isabelle Thellen a dit que la société d'État est «satisfaite», puisque la décision «correspond à la demande initiale» qu'elle a formulée «afin de poursuivre l'exploitation» et d'autoriser «éventuellement les conditions de remise en service».

Mme Thellen a toutefois rappelé que le dernier mot revient au gouvernement, qui a demandé tous les renseignements nécessaires de la part d'Hydro en mars et qui devra autoriser le projet de réfection. Ces renseignements n'ont pas encore été fournis au gouvernement par la société d'État.

La ministre responsable d'Hydro, Nathalie Normandeau, a quant à elle refusé de commenter. Son attachée de presse, Marie-France Boulay, a fait savoir qu'elle préférait prendre connaissance de l'intégralité de la décision avant de se prononcer.

Dans sa décision, la CCSN soutient qu'Hydro-Québec «est compétente pour exercer les activités autorisées par le permis renouvelé et fusionné et que, dans le cadre de ces activités, elle prendra les mesures voulues pour préserver la santé et la sécurité des personnes, protéger l'environnement, maintenir la sécurité nationale et respecter les obligations internationales que le Canada a assumées».

L'organisme fédéral demande aussi à Hydro d'arrêter son réacteur avant le 31 décembre, pour ensuite obtenir l'autorisation de le relancer. La société d'État devra aussi arrêter son réacteur au plus tard le 31 décembre 2012 pour réfection.

D'une capacité de 675 mégawatts, la centrale fournit près de cinq térawattheures d'énergie par année, soit environ 3% de la production totale d'Hydro-Québec et suffisamment d'électricité pour alimenter plus de 270 000 clients résidentiels.