Une vérification juricomptable de Droits et Démocratie recommande simplement que les membres du conseil d'administration récemment désignés par les conservateurs discutent des orientations de l'organisme avec la direction.

Le document attendu de longue date - et décrit comme «négligeable» par le député libéral Bob Rae - devait fournir des preuves de fautes commises par d'anciens dirigeants de l'organisme établi à Montréal.

Mais la vérification juricomptable, qui a fait l'objet d'une fuite que l'organisme aurait préféré éviter, indique plutôt que des défaillances passées dans la tenue des comptes sont corrigées, recommande un meilleur classement de certains dossiers, et réfute des allégations de versements mensuels secrets de 30 000 $ au bureau de l'organisme à Genève.

Droits et Démocratie a été pris dans une tempête, il y a un an, après que des membres du conseil nommés par les conservateurs se sont objectés à l'aide consentie à des groupes de défense des droits de la personne s'étant montrés critiques à l'égard d'Israël.

La vérification juricomptable juge excessif un paiement de départ fait à un gestionnaire et affirme ne pas être en mesure de déterminer si les fonds remis à une agence des Nations unies ont aidé au financement de la conférence sur le racisme discrédité de Durban II.

Le document invite le nouveau conseil d'administration à «réévaluer, définir et établir les orientations stratégiques» de Droits et Démocratie, et de les communiquer au personnel de direction.

L'organisme indépendant, mais qui reçoit 11 millions $ par année du gouvernement fédéral, est déchiré par des conflits internes depuis plus d'un an.

Les conservateurs, qui ont nommé au conseil d'administration des membres plutôt en faveur d'Israël, ont été accusés d'avoir transformé l'organisme en véhicule idéologique. Le conseil, lui, accusait la direction de malfaisance, d'obstruction et de manque de communication.

«Notre examen indique que les orientations stratégiques de Droits et Démocratie semblent avoir changé au cours des années 2005 à 2010, particulièrement avec l'arrivée de nouveaux membres sur le conseil d'administration», écrivent les vérificateurs.

«Ces changements semblent être à la source de plusieurs conflits entre certains membres du conseil d'administration et du personnel de direction», ajoute le document.

Un député du Nouveau Parti démocratique (NPD), Paul Dewar, a fait porter le blâme entièrement aux gens nommés récemment sur le conseil par les conservateurs, qui auraient «viré l'organisation de tout bord, tous côtés».

«Ils croyaient à un ordre du jour caché, comme si l'ancien président Remy Beauregard (mort d'une crise cardiaque après une rencontre houleuse du conseil en janvier) était sous l'emprise de terroristes. C'était vraiment n'importe quoi et cela a affecté la réputation du Canada», a soutenu M. Dewar.

Le président de Droits et Démocratie et le président du conseil d'administration devaient comparaître jeudi devant un comité de la Chambre des communes pour discuter de la vérification juricomptable, mais l'audience a été annulée après la fuite du document au quotidien Globe and Mail.

Le président Gérard Latulippe avait déjà souhaité que le document soit rendu public, mais seulement si certaines parties étaient caviardées.