De tous les Canadiens, les cyclistes québécois sont, avec ceux de la Saskatchewan et du Manitoba, les plus réfractaires au port du casque de vélo, selon des données de Statistique Canada publiées hier.

Au total, 37% des Canadiens portent un casque. Au Québec, selon Statistique Canada, cette proportion n'est que de 26%.

Cinq provinces et un territoire ont des moyennes supérieures à la moyenne nationale (la Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard, l'Alberta et le Yukon). «Toutes ces juridictions disposent d'une forme ou d'une autre de réglementation sur l'utilisation du casque de vélo», peut-on lire.

 

Projet de loi à l'étude

La Société de l'assurance automobile du Québec relève, dans son site internet, que les cyclistes de moins de 15 ans représentent 25% des cyclistes victimes d'accidents de la route. Or, peut-on y lire, le taux de port du casque a été estimé à 26% chez les 10 à 15 ans.

Le projet de loi 71 modifiant le Code de la sécurité routière est actuellement à l'étude au Québec. Il comporte entre autres une disposition qui permettrait aux municipalités de rendre le port du casque obligatoire pour les jeunes de moins de 12 ans.

Suzanne Lareau, présidente et directrice générale de Vélo Québec, trouve qu'il est dommage qu'on n'en ait que pour le casque.

«Combien de cyclistes brûlent les feux rouges, le soir, en n'ayant même pas de lumière sur leur vélo et en s'imaginant protégés parce qu'ils portent un casque?» demande Suzanne Lareau. Elle relève que des environnements plus sécuritaires pour les cyclistes - des aménagements routiers destinés à réduire la vitesse des automobilistes, par exemple - sauraient beaucoup mieux réduire les accidents.

Au surplus, elle avance que le caractère obligatoire du casque décourage la pratique du cyclisme et donne du vélo l'image d'une pratique dangereuse.

Mais de toute façon, d'entrée de jeu, elle est contre l'idée d'imposer le port du casque parce qu'elle juge toute loi en ce sens beaucoup trop à droite.

Des remous

La question de rendre le casque obligatoire a causé beaucoup de remous à la Table québécoise de la sécurité routière, que préside Jean-Marie De Koninck.

Résultat: faute de consensus, l'organisme n'a toujours pas pris position. «À la suite d'échanges dans ce comité et devant les réticences de Vélo Québec, qui argue que toute mesure restrictive nuirait à la pratique du vélo, il a été décidé de ne pas aller de l'avant avec quelque mesure que ce soit en ce qui a trait au port obligatoire du casque, explique M. De Koninck. Même la simple promotion du port du casque a été rejetée.»

Cela dit, poursuit-il, «si vous me demandez si on devrait favoriser le port du casque de vélo pour tous - pour des raisons évidentes de sécurité - la réponse est oui. Cependant, comment devrait-on procéder pour y arriver? Loi ou éducation? Je ne saurais répondre.»