Une manifestation étudiante au Cégep du Vieux-Montréal s'est soldée par 37 arrestations pour méfaits, voies de fait et agressions armée. Les jeunes contestataires accusent la police de les avoir provoqués, et disent avoir agi en «légitime défense».

Les étudiants de la toujours très militante Association générale étudiante du cégep du Vieux-Montréal tenaient une assemblée générale jeudi. Un vote de 58% en faveur de la grève a clôturé cette longue assemblée, et une manifestation s'est amorcée vers 20h autour de l'institution, située sur la rue Ontario près de l'angle avec la rue Saint-Denis. Certains manifestants sont toutefois demeurés dans les locaux de l'immeuble jusqu'à tard dans la nuit.

En cour de manifestation, à la demande de l'administration du cégep, un ordre d'éviction a été signifié aux contestataires par la police.

Si la plupart des jeunes ont obtempéré, un petit groupe a refusé de quitter le collège.

«À 1h35, les policiers sont entrés dans l'immeuble pour y effectuer une fouille systématique des lieux jusqu'à 6h», explique l'agent Mélanie Martineau, porte-parole du SPVM.

Au cours de l'opération, 37 jeunes qui refusaient, selon la police, de quitter les lieux, ont été arrêtés.

«Certains ont lancé des projectiles en direction des policiers. Un extincteur d'incendie a été vidé vers eux par les étudiants», poursuit l'agent Martineau.

Des boyaux destinés à servir en cas d'incendie ont été déroulés dans les locaux et du mobilier aurait été endommagé lorsqu'il a été utilisé comme barricade par les élèves en grève. Des graffitis ont été faits sur les murs.

La police précise que parmi les 37 jeunes arrêtés, figurent huit mineurs, dont trois jeunes femmes.

Les 29 jeunes adultes eux, se composent de 21 hommes et huit femmes.

Ils pourraient être accusés, aujourd'hui même dans plusieurs cas, de méfait public, de voies de fait et agression armée contre des agents de police, et même de complot. Une accusation grave qui s'applique à toute situation ou un groupe s'entend pour commettre un acte criminel, quel qu'il soit.

Il a été impossible de joindre l'administration du cégep. Mais la boîte vocale de l'institution annonce que l'école est fermée jusqu'à nouvel ordre.

«Aucun accès n'est autorisé», précise le message.

Du côté de l'Association étudiante du cégep, on accuse la direction de l'établissement et la police d'avoir mis le feu aux poudres.

«Nous avions décidé lors de l'assemblée que nous irions négocier avec la direction pour obtenir le droit d'avoir accès au hall d'entrée du cégep et à nos locaux de l'association pendant la grève. On était prêts à être encadrés, être restreints à certaines heures. On leur disait que les étudiants en assemblée s'étaient entendus pour que la grève se passe bien. Ils nous ont répondu en disant que nos prochains interlocuteurs seraient les policiers», dénonce Ariane Turmel-Chénard, du comité de mobilisation et de négociations de l'Association étudiante.

Devant la crainte de voir le cégep décréter un lockout, dit-elle, un groupe d'étudiants a décidé de demeurer dans l'établissement et de n'en pas sortir, même si la majorité protestait dehors.

«Les étudiants revendiquaient leur Cégep. Ils se sont dit, si on s'enferme à l'intérieur, peut-être que l'information que l'on veut y rester passera», poursuit l'étudiante.

Pour elle, tout le grabuge causé par les étudiants n'était que légitime défense.

«Quand les policiers sont entrés dans le cégep, ils ont fait de la provocation. Moi j'ai reçu des coups de matraque. Les étudiants ont agi en légitime défense. Ce n'était pas notre but de causer des dégâts, mais il y a eu un mouvement de panique. On avait envie d'être pacifique. Les gens qui ont fait ce qu'ils ont fait, c'était pour se protéger, pas pour faire de la casse. Ils ne pensaient pas à ce que les gens penseraient ce matin», dit la jeune Turmel-Chénard, qui convient que cette manifestation brutale n'aidera pas leur cause dans l'opinion public.

Elle indique que lors de la dernière grève étudiante au cégep, en 2005, la direction avait laissé aux étudiants l'accès à leurs locaux.

Certains membres de son Association étudiante sont au nombre des détenus, affirme-t-elle encore.

Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante, convient que ce qui s'est passé au cégep du Vieux-Montréal est déplorable. Mais il insiste pour dire qu'il s'agissait d'une action locale, que son organisation n'a pas cautionnée. Mais il accuse lui aussi la direction du cégep d'être en partie responsable des événements qui s'y sont déroulés.

«Les demandes des étudiants étaient justifiées. Alors pour éviter un lockout, des étudiants sont demeurés dans le cégep», explique-t-il.