Après 10 jours d'un procès déchirant au sujet de la succession d'Arturo Gatti, Ida et Fabrizio Gatti, mère et frère du défunt boxeur, de même que sa veuve, Amanda Rodrigues, essaient de régler à l'amiable le litige qui les oppose.

On devrait savoir ce matin si les négociations, entreprises tôt hier et qui se sont poursuivies en après-midi, ont abouti. Me Carmine Mercadante, qui représente la famille Gatti, de même que Me Pierre-Hugues Fortin, avocat de la veuve de 25 ans, ont tous les deux qualifié leurs pourparlers de très sérieux. Il est à noter que Sofia, la fille que le défunt a eue d'une union précédente, qui s'est jointe tardivement à ce recours, est aussi partie aux discussions. L'enfant de 5 ans réside au New Jersey avec sa mère, Erica Rivera, qui est venue à Montréal la semaine dernière pour assister à une partie de l'exercice. Elles sont représentées ici par Me Mercadante.

Par ce procès, la famille Gatti espérait faire déclarer Mme Rodrigues indigne de succéder à son mari pour cause de captation. Ils l'accusent d'avoir manipulé le boxeur pour qu'il change son testament alors que lui voulait divorcer. Ce fameux document fait de Mme Rodrigues sa seule héritière. Arturo Gatti l'a signé devant notaire le 17 juin 2009, trois semaines seulement avant de mourir pendu au Brésil, après une querelle avec Mme Rodrigues. La veuve avait au départ été soupçonnée de meurtre, mais les autorités brésiliennes ont finalement conclu au suicide et l'ont relâchée.

Les Gatti demandaient aussi à la Cour supérieure de reconstituer un testament rédigé deux ans plus tôt dans lequel Gatti nomme comme héritiers sa mère, son frère et sa fille, Sofia. L'original de ce testament est introuvable, mais il en existe une copie non signée.

Rapprochement

Avisée des négociations, hier, la juge a signalé que, s'il y avait règlement, ce serait bien de régler les cinq dossiers en cours, qui comprendraient notamment une demande de pension alimentaire et le partage du patrimoine. On peut supposer que ce règlement engloberait aussi la poursuite civile intentée la semaine dernière au nom de la petite Sofia pour que Mme Rodrigues soit tenue responsable civilement de la mort du boxeur.

Dans la foulée, vendredi dernier, un juge du New Jersey a autorisé le gel de tous les actifs de la succession aux États-Unis, au Canada et au Brésil, s'il y en a. Même si ce recours est loin d'être gagné, cela laisse présager encore des frais de défense pour Mme Rodrigues, qui devraient inévitablement être puisés dans la succession. Or, celle-ci a fondu de moitié depuis la mort d'Arturo Gatti. Il ne resterait que 3,4 millions, peut-être même moins.

Lundi, la juge Claudine Roy a remis les pendules à l'heure en disant que la fortune d'Arturo Gatti n'avait jamais été de 7 millions ni même de 6, comme cela avait été véhiculé. Elle a d'ailleurs invité plus d'une fois les parties à négocier puisque, avec les poursuites qui s'accumulent, les frais d'avocats qui s'additionnent et les dettes de la succession, il ne resterait manifestement plus rien à la fin du procès. La semaine dernière, Mme Rodrigues avait affirmé qu'elle ne comptait pas négocier, mais elle a de toute évidence changé d'idée.

La fin de semaine a par ailleurs donné lieu à un certain rapprochement entre la veuve et la famille Gatti. Mme Rodrigues a envoyé Arturo fils, âgé de 3 ans, en visite chez sa grand-mère, Ida Gatti. La famille Gatti n'avait pas vu l'enfant depuis la mort de son père. Fabrizio Gatti a joué avec son neveu et lui a acheté des jouets. L'enfant a les yeux et le sourire d'Arturo, paraît-il.

Devant la juge Roy, Ida et Fabrizio Gatti ont tous les deux fait valoir qu'ils ne veulent pas d'argent pour eux-mêmes. L'héritage d'Arturo devrait revenir à ses enfants, croient-ils. Il est à noter que Sofia bénéficie déjà d'une confortable rente. De son vivant, Arturo Gatti a créé une fiducie de 1 million destiné à payer la pension alimentaire de 4500$ par mois à sa mère, jusqu'à ce que l'enfant ait 18 ans. Une somme de 100 000$ est aussi prévue pour assurer son éducation. Enfin, le boxeur a payé 250 000$ pour acheter une maison à la mère de la petite.