«Sabotage », «provocation », «arrestations illégales », «fouilles abusives », «intimidation » : c'est en ces termes que le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) a décrit le comportement des policiers lors de sa manifestation annuelle, qui a une fois de plus tourné au vinaigre, lundi, dans les rues de Montréal.

Au lendemain du désormais traditionnel jeu du chat et de la souris entre policiers et manifestants - qui s'est soldé cette année par cent arrestations -, le Service de police de la ville de Montréal a affirmé de son côté qu'il souhaitait rencontrer les organisateurs de la marche. Leur objectif : mettre un frein aux débordements qui font les manchettes chaque année.

Comme d'habitude, les policiers ont essuyé une pluie de projectiles - bouteilles de bière, briques, pierres - avant de sortir leurs matraques.

Le COBP soutient que ce sont les policiers qui ont commencé les hostilités en mettant tout en oeuvre pour faire déraper une manifestation qui se voulait pacifique. «Avant même le début de la marche, les policiers se sont livrés à de l'intimidation en procédant à des fouilles abusives et en commettant des arrestations illégales », a expliqué mercredi la porte-parole Sophie Sénécal, qui dit avoir fait le nécessaire pour éviter les débordements, notamment en appelant manifestants au calme.

Le COBP a aussi accusé les policiers d'avoir empêché les manifestants d'accéder à la station de métro Préfontaine, près de l'endroit où l'escouade antiémeute a pris en souricière plusieurs participants.

La COBP dit par ailleurs mener sa propre enquête pour déterminer si des agents doubles de la police ont eux-mêmes mis le feu aux poudres.

Selon le collectif, les dérapages annuels ne minent en rien la raison et la crédibilité de la manifestation. Bien au contraire, puisque les gens y participent plus nombreux chaque année, a souligné la porte-parole.

Rencontré hier matin, l'inspecteur-chef à la division de la planification opérationnelle du SPVM, Sylvain Lemay, s'est montré dans l'ensemble satisfait de l'opération policière de la veille. Échaudée par les débordements de l'an dernier, alors que 221 personnes avaient été arrêtées, la police a rapidement circonscrit la manifestation de cette année.

Aux yeux de l'inspecteur-chef Lemay, la police et les organisateurs auraient avantage à discuter ensemble du fond du problème.

Des quelque 800 manifestations organisées chaque année dans les rues de Montréal, celle de la COBP est la seule dont les organisateurs refusent de fournir l'itinéraire à l'avance, a déploré l'inspecteur-chef, qui croit néanmoins qu'empêcher cette manifestation constituerait une atteinte à la liberté d'expression.

Les personnes arrêtées hier ont été accusées d'avoir participé à un attroupement illégal, de méfaits et de voies de fait armées contre des policiers. Des accusations de nature criminelle ont été portées contre 17 d'entre elles ; les autres visent des entorses à des règlements municipaux.