«Irresponsable», «mensongère», «indigne». Le numéro deux de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, a littéralement descendu en flammes la dernière sortie de Louise Harel concernant l'utilisation de prête-noms par l'administration Tremblay.

«Elle est allée trop loin. Assez, c'est assez! a tonné en point de presse ce matin M. Applebaum. Elle devrait sérieusement envisager de laisser sa place à quelqu'un d'autre.»

Hier, la chef de l'opposition a présenté le cas d'un fonctionnaire municipal qui s'est plaint dans une lettre à son syndicat qu'on ait mis son nom sur des documents en fait élaborés par une firme privée de gestion de projets, Macogep. Vérification faite, ce ne sont pas des employés de cette firme privée, mais son supérieur immédiat, qui aurait usurpé son identité. Mme Harel a du même souffle suggéré que l'entreprise avait la mainmise sur la Ville, au point où ses employés travaillent dans des bureaux municipaux.

«Encore une fois, elle a fait une sortie totalement mensongère et inacceptable, a réagi M. Applebaum. On est là à cause d'un fonctionnaire qui a fait une plainte pour un sommaire décisionnel. Il n'y a même pas eu de grief, contrairement à ce qu'a prétendu Mme Harel: tout s'est réglé à l'amiable.»

Trois employés à la Ville

Oui, la Ville recourt à l'expertise du privé et oui, certains employés de ces firmes travaillent à l'hôtel de ville, a convenu le président du comité exécutif. Dans le cas de Macogep, ce sont trois employés qui seraient ainsi prêtés à la Ville.

«Ça a du bon sens de mettre trois personnes à temps plein dans nos bureaux pour suivre les dossiers, plaide-t-il. En fin de compte, il y a toujours des fonctionnaires pour s'assurer de la qualité du travail effectué.»

Il réfute de même l'allégation que Macogep en mène trop large -l'entreprise a notamment décroché le vaste chantier de réfection des arénas, de l'autoroute Bonaventure et du planétarium Rio Tinto Alcan.

Sur le 1,3 milliard en projets gérés par la Direction stratégique des transactions immobilières, «Macogep a des mandats pour 1% du carnet de commandes, explique le président du comité exécutif. Il est totalement faux et démesuré de prétendre, sur la base d'une seule allégation, qu'il y a perte de contrôle.»

Vers une poursuite?

Il affirme maintenant craindre que Macogep ne poursuive Mme Harel pour atteinte à sa réputation. «Et qui va être obligée de la défendre? La Ville de Montréal. Les contribuables vont payer parce qu'elle a voulu voir sa photo dans les journaux.»

Du côté de Macogep, son président Louis yves LeBeau précise qu'on a envoyé une lettre à Mme Harel lui demandant de se rétracter et de présenter des excuses. «On veut s'assurer que notre réputation ne soit pas entachée», a-t-il expliqué, précisant qu'il ne s'agit pas d'une mise en demeure. Il n'a pas fait part de ses intentions si la chef de l'opposition ne s'excusait pas.

La lettre de Macogep n'était toujours pas parvenue aux bureaux de Vision Montréal en fin d'après-midi. Louise Harel a résumé la sortie de Michael Applebaum de façon lapidaire. «Il a essayé d'enterrer l'affaire sous des insultes et des attaques personnelles, a-t-elle lancé. J'ai un conseil à lui donner: les insultes, les injures, les attaques, ça n'a jamais convaincu personne.» Elle précise que son parti n'a jamais mis en cause la compétence de Macogep dans ce dossier. Elle estime que l'administration Tremblay a reconnu trois faits: des employés de Macogep travaillent bel et bien à l'hôtel de ville et ils rédigent des sommaires décisionnels. Un fonctionnaire s'est en outre plaint que son nom était apparu dans un de ces sommaires. «C'est une pratique qui doit cesser, a réclamé Mme Harel. Ce qui est en cause ici, c'est la perte de l'expertise interne.»