Une entreprise américaine souhaite construire le tout premier train électromagnétique d'Amérique du Nord à Montréal. American Maglev Technology considère sérieusement la possibilité d'aménager un système de train léger sur rail pour relier la métropole à la Rive-Sud, a appris La Presse.

L'entreprise établie en Géorgie a mis au point, dans ses laboratoires d'Atlanta, un prototype de train flottant au-dessus des rails grâce à l'électromagnétisme, la même technologie utilisée pour les trains rapides implantés notamment en Chine. Une piste d'essai a été construite et fonctionne depuis cinq ans près d'Atlanta.

À la recherche de son premier contrat en Amérique du Nord, American Maglev Technology s'intéresse à Montréal, dont elle souhaite faire une vitrine pour son produit.

«Nous croyons qu'il y a de belles occasions à Montréal», a indiqué en entrevue téléphonique le président d'American Maglev Technology, Tony Morris. Une étude de faisabilité est en cours dans la métropole québécoise et devrait être terminée d'ici à la fin de l'année.

L'entreprise considère plusieurs secteurs pour implanter son train, mais le plus prometteur semble être le tracé reliant Longueuil ou Brossard à Montréal. «Nous pensons que c'est un tracé très intéressant, surtout avec tous les problèmes avec l'échangeur Turcot et sur le pont Champlain», a exposé Tony Morris, visiblement bien au fait des problèmes de circulation de la métropole.

L'homme d'affaires espère voir son projet aller de l'avant rapidement pour offrir une solution à la congestion occasionnée par la reconstruction du pont Champlain.

Interrogé sur la fiabilité de cette technologie encore récente, l'entrepreneur assure que son produit est bien adapté au climat québécois. «Nous pensons que notre technologie a tout pour bien fonctionner à Montréal. C'est une technologie qui fonctionne beau temps, mauvais temps, qu'il y ait de la neige ou de la glace sur la voie. De plus, elle utilise 60% moins d'énergie que les trains traditionnels», a poursuivi Tony Morris.

Comme à Shanghaï

Aucune ville n'a encore opté pour la technologie d'American Maglev Technology. Des ententes ont toutefois été signées avec Porto Rico et la ville de Guadalajara, au Mexique, a assuré Tony Morris.

L'entreprise utilise une technologie similaire au train rapide circulant à Shanghaï, populeuse mégalopole. «Mais contrairement aux trains chinois, nous n'irions pas à 400 km/h. Ce serait difficile d'atteindre cette vitesse entre Longueuil et le Casino. Ça devrait plutôt avancer à 40 km/h», explique M. Morris.

L'Agence métropolitaine de transport (AMT) a confirmé à La Presse avoir rencontré l'entreprise américaine, un système de train léger sur rail étant envisagé sur le futur pont Champlain. «Il faut déterminer si c'est le bon mode au bon endroit», a souligné une porte-parole du transporteur, Martine Rouette.

Selon nos informations, American Maglev Technology s'est associée à la firme Aecon infrastructure, bien connue pour sa participation aux travaux majeurs. L'entreprise, qui n'a pas rappelé La Presse, a notamment participé aux travaux de prolongement de l'autoroute 30, sur la Rive-Sud.

Pour faire avancer leur projet, les deux sociétés ont retenu les services d'un lobbyiste, Fred Doucet, pour faciliter les discussions avec l'Agence métropolitaine de transport et les villes de Montréal, de Longueuil et de Brossard. Le lobbyiste est un ancien chef de cabinet de l'ex-premier ministre canadien Brian Mulroney, impliqué dans le scandale Airbus par l'homme d'affaires canado-allemand Karlheinz Schreiber.