Une navette d'autobus fiable, rapide et abordable entre le centre-ville et l'aéroport Montréal-Trudeau pourrait intéresser près de 20% des voyageurs, estime une étude de marché remise à Aéroports de Montréal (ADM), que La Presse a obtenue.

Dans son rapport daté du 28 mars, la firme montréalaise Abscisse déclare «qu'un service d'autobus en voie réservée pourrait avoir un certain succès auprès des passagers de Montréal-Trudeau» et que la majeure partie de sa clientèle proviendrait des utilisateurs habituels du taxi.

L'industrie du taxi verrait ainsi sa part des déplacements entre le centre-ville et l'aéroport tomber de 37% à 24%, selon le document. Cela représente le tiers de la clientèle des taxis à Montréal-Trudeau.

Pour parvenir à ses conclusions, la firme Abscisse a interviewé 1500 voyageurs dans les aires d'attente de l'aéroport en juin et juillet 2009. Les entrevues duraient en moyenne 21 minutes.

Le but de cette enquête était de jauger l'intérêt du public voyageur pour un service de navette par bus et de voir quelles sont les attentes des clients potentiels envers un tel service. Les voyageurs étaient invités à faire des choix entre diverses options et caractéristiques, comme la fréquence des départs, le temps de parcours et les tarifs.

Selon Abscisse, un service d'autobus qui roulerait en voie réservée le long de l'autoroute 20 et qui relierait le centre-ville à l'aéroport en un temps moyen de 22 minutes, à un tarif de 8$ pour l'aller simple, aurait la faveur de 19,3% des voyageurs.

Sur le plan des services aux usagers, les caractéristiques du projet définies par Abscisse sont très semblables à celles de la navette ferroviaire que privilégie la société Aéroports de Montréal (ADM). Il y a déjà un an, le président d'ADM, James Cherry, a rendu publiques les grandes lignes de ce projet, baptisé Aérotrain.

ADM préfère le rail

Le coût du projet est estimé à 600 millions. Le gouvernement du Québec a déjà promis de verser 200 millions pour sa réalisation si Ottawa en fait autant et qu'ADM recrute un partenaire privé pour compléter le financement. Le dossier chemine à l'agence PPP Canada, qui relève du ministère fédéral des Finances.

Invité à titre de conférencier, M. Cherry fera d'ailleurs le point sur le projet, ce matin, dans le cadre d'un forum stratégique sur les transports organisé par la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

L'Aérotrain offrirait un départ dans chaque direction toutes les 20 minutes. Il mettrait 20 minutes pour relier l'aéroport à la Gare centrale, au centre-ville de Montréal. Les services d'autobus proposés par Abscisse seraient offerts à la même fréquence.

Le tarif optimal suggéré par Abscisse, à 8$ l'aller simple, serait un peu plus abordable que celui de la navette ferroviaire, qui coûterait de 12 à 15$.

Le rapport obtenu par La Presse, qui s'apparente davantage à une étude de marché, ne fait aucune mention des coûts d'implantation d'un réseau de navettes par autobus, mais on peut supposer qu'ils seraient inférieurs aux coûts du projet privilégié par ADM.

Jointe hier par La Presse, la vice-présidente aux affaires publiques d'ADM, Christianne Beaulieu, a assuré que l'idée d'une navette par autobus «a été explorée avant d'être abandonnée». Sa réalisation, affirme-t-elle, se serait avérée beaucoup plus compliquée que prévu.

«Nous avons fait faire des travaux exploratoires par des ingénieurs pour vérifier s'il serait possible d'aménager des voies réservées aux autobus le long de l'autoroute 20, a dit Mme Beaulieu. À cause de contraintes d'espace et de circulation, le projet aurait été très difficile et assez coûteux à réaliser.»

Mme Beaulieu n'a pu préciser si une estimation sommaire des coûts avait été réalisée.

Elle a toutefois assuré que, sur les plans de la fiabilité et de la rapidité, les performances d'une navette par bus n'auraient pas été à la hauteur de celles de l'Aérotrain. Les conditions de circulation étant ce qu'elles sont, l'accès au centre-ville de Montréal serait beaucoup plus difficile par la route que par le rail.