Après trois mois d'enquête, le Directeur général des élections conclut que l'ancien chef du parti municipal Nouveau Montréal n'a commis aucune infraction à la loi électorale. Sa formation politique n'a pas recouru à des prête-noms pour son financement aux élections municipales de 1998.

Immédiatement, le ministre des Transports, Sam Hamad, a fait savoir par communiqué que l'ancien chef de police de Montréal réintégrerait ses fonctions dès lundi comme directeur d'une équipe d'enquêteurs pour surveiller la collusion entre les entrepreneurs.

M. Hamad réclame en outre des excuses publiques au député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, qui s'était prévalu de l'immunité parlementaire pour mettre en doute l'intégrité de l'ancien policier, «un loup dans la bergerie», avait-il lancé.

«Je suis soulagé, c'est le moins qu'on puisse dire», a déclaré vendredi M. Duchesneau. Avare de commentaires, il envisage de donner un point de presse la semaine prochaine. Il s'est contenté de blaguer quand on lui a demandé s'il aspirait au nouveau poste de commissaire.

Le retour de M. Duchesneau aux Transports ne durera pas longtemps puisque lui et son groupe, une vingtaine de policiers à la retraite qui travaillaient de chez eux, seront bientôt réaffectés à la nouvelle unité de lutte contre la corruption, dont la création a été annoncée vendredi.

Des reportages de l'agence QMI, au mois de novembre 2010, avaient révélé que trois des anciens organisateurs de M. Duchesneau étaient inscrits comme «prêteurs» à la caisse de son parti, dans le rapport financier qui avait suivi la défaite de l'ancien chef de la police de Montréal aux mains de Pierre Bourque.

Ces trois organisateurs, Gilles Prud'homme, Arminda Mota et Marie-Claude Montpetit, soutenaient n'avoir jamais prêté d'argent au parti de M. Duchesneau, contrairement à ce qui était établi dans le bilan du parti Nouveau Montréal.

Prud'homme maintient sa version

«Je voudrais bien que le DGE m'explique pourquoi j'étais inscrit comme prêteur dans le rapport», a dit encore vendredi M. Prud'homme. Autre mystère, selon lui, Mme Montpetit était inscrite comme résidant à son adresse à lui, rue De Laroche: «Je ne connais pas cette dame. Il faudrait que le DGE m'explique comment elle pouvait être inscrite à mon adresse.»

«Jacques Duchesneau, ajoute-t-il, m'a demandé d'aller signer une caution à la Banque Nationale, rue De La Gauchetière. Dans les états financiers du parti, cela a été transformé en prêt à mon insu. Je n'ai jamais reçu d'intérêt sur ce prêt. De plus, je n'ai jamais eu de lettre de la Banque sur un prêt de 10 000$. Je maintiens qu'on m'a utilisé et qu'on a transformé ma caution en prêt.»

Dans son enquête, le DGE a rencontré d'autres personnes inscrites comme prêteuses qui ont corroboré la version de M. Duchesneau. La Presse avait rapporté, au début du mois, les témoignages de Robert Laramée et de Martin Dumont, qui ont soutenu avoir prêté de l'argent au parti, ainsi qu'on peut le lire dans les états financiers du parti. L'ex-agent officiel de M. Duchesneau, Jean-Pierre Allaire, ancien président de l'Ordre des comptables, a appuyé cette version.

Lorsque l'affaire a éclaté, l'automne dernier, M. Duchesneau, devenu responsable d'une équipe d'enquêteurs sur la collusion entre les entrepreneurs au ministère des Transports du Québec, avait été relevé de ses fonctions, mais avec salaire (plus de 200 000$ par année).

Compte tenu de l'impact des allégations dans l'opinion publique, le DGE avait décidé d'enquêter même si l'affaire, vieille de plus de 10 ans, ne pouvait mener à aucune poursuite. Deux enquêteurs du DGE ont travaillé pendant trois mois et rencontré de nombreux témoins. M. Duchesneau, le dernier interrogé, a rencontré les représentants du DGE en décembre dernier.

Ces enquêteurs ont rencontré les gens qui avaient contracté un emprunt ou signé comme caution pour le parti à la Banque Nationale. «Ils ont examiné tous les documents qu'il était possible de rassembler», a expliqué le DGE, tout en rappelant que la Banque ne conserve ses archives que pendant sept ans.

«Avec les informations qu'on avait, il n'y avait pas de suite possible», a résumé Denis Dion, porte-parole du DGE. Il n'y aura d'ailleurs pas d'autre rapport que le communiqué de presse publié vendredi après-midi.