Près de 2000 personnes se sont rassemblées samedi au Palais des congrès de Montréal pour assister à la conférence Nos familles nos fondations, un congrès islamique controversé, accusé d'être lié au mouvement intégriste des Frères musulmans.

Abordant les thèmes de la famille et du mariage, l'événement était organisé par l'organisme United for Change, basé en Caroline du Nord. Annoncé comme étant «la plus grande conférence islamique de l'histoire de Montréal», le congrès proposait des ateliers comme La polygamie en Occident: un avantage ou un inconvénient?, La violence conjugale dans la communauté musulmane et La famille musulmane dans l'Ouest: entre l'idéal et le réel, un exposé du controversé Dr Jamal Badawi qui a souvent été critiqué pour ses propos radicaux, notamment sur la charia et les attentats-suicides.

Autre conférencier controversé: Tariq Ramadan, un intellectuel bien connu dont les idées sur l'islam moderne ne font pas l'unanimité. Certains le qualifient de musulman modéré, d'autres, d'intégriste islamiste. Tariq Ramadan est également le petit-fils du fondateur des Frères Musulmans, un mouvement radical islamique que des sites spécialisés comme Pointdebascule.ca et Global Muslim Brotherhood Daily Report et des organismes tels que le Congrès musulman du Canada accusent d'être derrière l'organisation de la conférence tenue samedi à Montréal.

Des accusations que réfutent les organisateurs de l'événement. «Nous n'avons rien à voir avec les Frères Musulmans, insiste le directeur du marketing de United for Change, Amadou Shakur. Nous ne les connaissons pas. Nous ne leur parlons pas. Nous ne savons pas ce qu'ils font. Nous n'avons pas de sympathie ou d'empathie envers eux. Rien.»

Charia

Le fondateur du Congrès musulman du Canada (CMC), Tarek Fatah, accuse également les organisateurs de camoufler leurs réelles intentions. «Ce qu'ils veulent, c'est apporter la loi de la charia au Canada, dénonce-t-il. Les politiciens devraient condamner la tenue d'un tel congrès.»

Amadou Shakur est catégorique: les musulmans doivent obéir à la loi criminelle du Canada. Il ne cache cependant pas l'appui de son organisation à la charia, «la loi de Dieu». «Nous devons faire ce que nous avons besoin de faire pour protéger la société», déclare-t-il, après avoir cité en exemple un voleur indomptable à qui on couperait la main.

Les participants rencontrés au congrès semblaient cependant bien loin de la controverse entourant cet événement qui a attiré beaucoup de jeunes et de femmes. «Je n'ai pas entendu parler d'une controverse, affirme Bilal Ruzzeh, un Palestinien d'origine installé à Montréal depuis huit ans. Je suis ici parce que j'ai une famille depuis peu et que je veux entendre des points de vue, savoir où chercher de l'information pour réussir ma vie de famille.»

«La conférence parle beaucoup de mariage et nous sommes dans ces âges-là, dit Sara Asfour, une Montréalaise d'origine égyptienne âgée de 22 ans qui a assisté à l'événement en compagnie de sa soeur. Nous n'avons pas le même mode de vie que ceux qui vivent dans les pays musulmans. Un événement comme celui-là nous permet de nous  poser des questions, de nous aider à mieux vivre avec des valeurs et des principes qui sont différents de ceux des autres.» Partage-t-elle la position de United for Change, favorable à la polygamie? «C'est accepté dans la religion, mais c'est difficile dans les faits de pouvoir la pratiquer. Personnellement, je ne pourrais pas l'accepter.»