Le programme Bixi a bouclé sa première année avec un déficit de 5,5 millions. Mais son grand patron, Roger Plamondon, a bon espoir de dégager des profits en 2010.

La Société de vélo en libre-service (SVLS), une société à but non lucratif liée à Stationnement de Montréal, a toujours jalousement caché ses chiffres. Ce n'est que jeudi matin que les Montréalais ont enfin pu savoir combien rapportait le populaire programme.À 5,5 millions, le déficit est légèrement plus élevé que prévu. SVLS pensait terminer l'année de mise en service du programme avec un découvert de 5 millions.

Les abonnements et la location des vélos ont rapporté 1,9 million, l'exportation du concept à l'étranger, 1,5 million et les revenus de commandites et de publicité, près de 1 million.

C'est toutefois insuffisant pour compenser les dépenses. Les salaires des employés, les frais de sous-traitance et les honoraires versés par SVLS ont à eux seuls dépassé les revenus d'exploitation, et l'entreprise doit encore amortir les quelque 24 millions qu'elle a investis dans le déploiement du service.

Mais SVLS sortira du rouge dès cette année, prévoit M. Plamondon, qui anticipe des bénéfices avant impôts de 3,27 millions en 2010, essentiellement grâce à l'essor des ventes du système à l'étranger. Rappelons que Bixi a conclu des ententes avec les villes de Londres, Boston, Minneapolis et Melbourne. Des pourparlers sont en cours avec Toronto, et M. Plamondon compte annoncer une nouvelle entente dans les prochaines semaines.

Les deux tiers de ces profits permettront à l'entreprise de commencer le remboursement du prêt de 33 millions que lui a consenti sa société mère, Stationnement de Montréal. Le reste, un peu plus de 1 million, pourrait servir à bonifier le programme.

«Les excédents qui sont dégagés, c'est la Ville qui va décider ce qu'on va en faire», a indiqué M. Plamondon.

Quatre options sont sur la table, poursuit-il. On pourrait choisir de rembourser la dette de SVLS plus vite, d'étendre le Bixi à de nouveaux secteurs de Montréal, de baisser les tarifs ou d'améliorer le système, par exemple en offrant des vélos munis de sièges pour bébés.

L'entreprise prévoit dégager des profits avant impôts de plus de 10 millions en 2014, selon la projection de cinq ans présentée par Roger Plamondon.

Un statut flou

Reste à savoir de quelle manière la Ville profitera du succès du Bixi. Le programme est actuellement administré par une entreprise distincte de Stationnement de Montréal, la société en commandite qui gère les parcomètres pour la Ville. Même si la firme est souvent présentée comme une entreprise publique, aucun contrat ne la lie à Montréal.

Alors comment la Ville peut-elle dicter les orientations de l'entreprise? «On n'a pas de contrat avec la Ville, mais la Ville nous a donné le mandat initial, explique M. Plamondon. Respectueux du mandat initial, nous allons travailler main dans la main avec la Ville.»

La responsable du transport au comité exécutif, Manon Barbe, affirme que des discussions sont en cours pour officialiser le statut de Bixi. Les négociations devraient aboutir avant l'été.

«Nous sommes en train d'étudier quel serait le meilleur statut pour Bixi afin de favoriser son expansion et son exportation, a-t-elle indiqué. Il faut comprendre que, plus Bixi prendra de l'ampleur à l'extérieur de Montréal, plus ce sera important, au chapitre de la finance, d'avoir une entité qui lui est propre.»

Elle a toutefois prévenu que d'éventuelles redevances serviront plutôt à financer les transports collectifs qu'à renflouer les coffres de la Ville.

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BIXI EN 2009

> 1 142 007 déplacements

> 48% des usagers ont utilisé Bixi pour se rendre au travail ou à leur lieu d'étude

> 16 h à 18 h - les heures d'affluence de la journée

> 85% des abonnés ont fait des études universitaires

> 59% des abonnées possèdent un vélo

> 53% des abonnés possèdent une voiture

> 32 098 vélos ont transité par la station du métro Mont-Royal, la plus fréquentée du réseau

- Source : Bixi