La campagne n'échappe pas à la fièvre des séries éliminatoires. Les téléspectateurs francophones n'auront finalement pas à choisir jeudi entre le premier match Canadien-Bruins et le débat des chefs en français. Le consortium des radiodiffuseurs devance le débat à mercredi. «Ce changement a été fait avec l'accord de tous les partis qui prennent part au débat», a indiqué dimanche en fin d'après-midi Marco Dubé, porte-parole du consortium formé par CBC/Radio-Canada, TVA, CTV et Global.

Le débat des chefs devait se dérouler mardi en anglais et jeudi en français. Or, on a appris samedi que le Canadien disputerait son premier match des séries éliminatoires jeudi soir à Boston.

Dimanche matin, le chef du Bloc, Gilles Duceppe, a demandé au consortium de devancer le débat d'une journée. «La démocratie, c'est plus important que les cotes d'écoute», a-t-il lancé en point de presse dans son local de circonscription.

Il a rapidement envoyé une lettre au consortium (lire plus bas) et une autre aux trois chefs de parti. Les libéraux et le NPD l'ont appuyé. Les conservateurs sont restés neutres, indiquant qu'ils s'en remettaient au consortium.

Le débat des chefs en français sera diffusé à TVA et à Radio-Canada. En 2008, il avait été regardé par 1,4 million de téléspectateurs. Il a donc été plus populaire que le premier match du Canadien en séries éliminatoires l'année dernière, contre les Capitals. Une moyenne de 1,2 million de téléspectateurs avaient regardé la rencontre à RDS.

Stratégie des chefs

Stephen Harper a partagé un peu sa stratégie pour le débat. «Nous allons tenter de mettre l'accent sur le choix auquel les Canadiens font face: un gouvernement majoritaire stable conservateur qui va se concentrer sur l'économie et poursuivre la reprise dans la bonne direction ou, de l'autre côté, une coalition broche à foin qui n'a pas de politique économique crédible», a-t-il annoncé. Il dit souhaiter que le débat attire un maximum de téléspectateurs.

Michael Ignatieff minimise quant à lui les attentes. «C'est vrai que je suis le seul qui n'a jamais fait de débat. Je m'y prépare avec un peu d'appréhension. J'ai beaucoup à apprendre», a-t-il avoué. Il prévoit qu'il sera «un peu nerveux». Il essaiera de transmettre un message «d'optimisme, de confiance, d'espoir et de compassion» tout en se montrant «fiscalement prudent». Il dit vouloir offrir une «alternative claire» à la «peur» qu'incarnerait M. Harper.

Gilles Duceppe est le seul des quatre chefs dont la langue maternelle est le français. C'est aussi le plus aguerri. Mercredi, il participera à son 15e débat. Comme ses opposants, il a allégé son horaire de campagne pour se préparer. Il préfère ne pas dévoiler sa stratégie.

- Avec Malorie Beauchemin et Hugo De Grandpré

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Lettre envoyée par Gilles Duceppe

Montréal, le 10 avril 2011

Monsieur Stephen Harper, chef du Parti conservateur du Canada

Monsieur Michael Ignatieff, chef du Parti libéral du Canada

Monsieur Jack Layton, chef du Nouveau parti démocratique

Messieurs,

Par la présente, je vous demande de faire pression sur le consortium des réseaux de télévision pour que le débat des chefs en français se tienne le mercredi 13 avril 2011 plutôt que le lendemain.

En effet, la diffusion simultanée, jeudi, du premier match des séries éliminatoires de hockey entre le Canadien de Montréal et les Bruins de Boston et du débat des chefs en français n'est pas le meilleur scénario pour bon nombre de Québécois et de Québécoises.

Ce serait donc dans l'intérêt de la démocratie de permettre à un maximum de personnes de prendre connaissance des échanges des chefs de parti en devançant la diffusion du débat français de 24 heures.

Le Bloc Québécois a déjà demandé au consortium de considérer ce changement. Au nom de la démocratie, je vous demande de joindre vos voix à la mienne en communiquant avec le consortium dans les plus brefs délais.

Veuillez recevoir, messieurs, mes salutations respectueuses,

Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois