Les élections fédérales 2008 ont connu le plus bas taux de participation enregistré à des élections générales au Canada.

Le taux de participation national a atteint 59,1% selon les plus récentes données compilées sur le site d'Élections Canada. Au Québec, il est un peu plus élevé à 61,1%. Tout comme lors des élections précédentes, l'Île-du-Prince-Édouard est la province où les électeurs ont voté le plus (69,5%), et les Territoires du Nord-Ouest, le moins (48,6%).

 

Les politologues ne partagent pas les mêmes explications, mais ils s'entendent sur une chose: «c'est décevant».

«La virulence de la campagne, l'axe gauche-droite très clairement dessiné et la plus grande visibilité des verts auraient pu intéresser plus de gens à voter, mais cela n'a pas été le cas», souligne le professeur de sciences politiques de l'Université de Sherbrooke, Jean-Herman Guay. Le manque de charisme des chefs de parti et le fait que ces derniers aient mené une campagne très négative expliquent le manque d'engouement des électeurs à se rendre aux urnes, indique-t-il.

Manque de charisme

Si les partis avaient eu des candidats plus charismatiques, de la trempe d'un Obama ou d'un Sarkozy, la participation électorale aurait été plus grande, croit M. Guay. «Aucun chef n'a suscité d'adhésion positive. On ne peut pas dire que Harper et Dion soient des bêtes politiques», ajoute-t-il.

Le phénomène de la personnalité n'a pas une grande influence, croit pour sa part, le titulaire de la chaire de recherche en études québécoises et canadiennes de l'UQAM, Alain-G. Gagnon. «Les gens ont perdu confiance en l'exercice du droit de vote. Ils ont tendance à bouder la politique partisane, mais la société civile a repris un dynamisme qu'on ne voyait pas dans les années 1980», a noté le politologue.

À toutes les élections, les jeunes sont montrés du doigt pour avoir été les moins nombreux à exercer leur droit de vote. Les élections de mardi n'ont pas fait exception. Pourtant, Élections Canada dit avoir fait un effort particulier pour rejoindre les 18-24 ans. Leurs agents d'information sont allés dans les campus. L'organisme indépendant a publié des messages dans les journaux étudiants. «On a fait tout ce qu'on pouvait dans les limites de la loi. On ne peut quand même pas aller les chercher le matin pour les faire voter», a souligné le porte-parole d'Élections Canada, Gilles Paquin.

Moins qu'en 2006

Le taux de participation d'hier contraste avec celui des dernières élections, en 2006, alors que 64,7% des Canadiens étaient allés aux urnes. Cela avait à l'époque rassuré ceux qui s'inquiétaient de voir la participation électorale fédérale connaître un déclin progressif depuis 1984. En 2004 et en 2000, la participation avait respectivement été de 60,9% et de 61,2%.

Mais soyons prudents avec les records, le taux de participation des élections fédérales 2008 pourrait encore évoluer, a averti M. Guay. À titre d'exemple, en 2000, le taux de participation de 61,2% a été rajusté pour un taux définitif de 64,1% après la mise à jour habituelle du Registre national des électeurs pour en retirer les noms des personnes décédées et les doublons provenant des déménagements.