Quels jouets avez-vous offerts à vos enfants à Noël? Une nouvelle étude de l'université Harvard laisse croire que les principes d'égalité des sexes ne font pas toujours le poids devant la nature.

Bien avant de réaliser leur sexe, plusieurs bébés garçons se montrent beaucoup plus captivés par la propulsion que les bébés filles. Une fascination qui permettrait d'expliquer leur engouement pour les camions, les épées ou d'autres jouets traditionnellement considérés comme masculins.

C'est ce que vient de démontrer une étude de l'université Harvard mettant en vedette 45 petits de 6 à 9 mois. Chaque bébé s'est vu présenter des vidéos d'adultes en train de bercer ou de frapper des ballons. Le tiers des 25 garçons ont regardé nettement plus longtemps les images d'hommes frappant les ballons. Et lorsqu'on leur en a ensuite remis un, ils ont passé plus de temps à imiter leur modèle. Aucune des 20 filles n'a eu le même comportement.

«Cela montre que la préférence en matière de jouets a une base hormonale. Plusieurs mâles ont une fascination innée pour le mouvement vers l'avant», conclut la psychologue Joyce F. Benenson, affiliée à l'Université Harvard et au Collège Emmanuel de Boston.

Les bébés aussi jeunes ne savent pas encore qu'ils sont des garçons, souligne-t-elle. «Pourtant, ce qui les intéressait, c'était de regarder l'homme, sans doute parce qu'il frappait le ballon plus fort et plus directement. Peut-être que c'est lié à la façon dont le corps fonctionne, à la façon dont chacun bouge, plutôt qu'à la fonction des autos ou des armes», dit-elle.

Avant de montrer les vidéos aux bébés, on les a laissés jouer au ballon une première fois. Les deux sexes se sont alors comportés de la même manière, souligne la chercheuse, pour qui c'est la preuve que les garçons n'avaient pas été déjà conditionnés par leurs parents.

Autre preuve de l'influence biologique: d'autres études montrent que les fillettes souffrant d'un débalancement hormonal sont plus portées que leurs compagnes à jouer avec des camions, des outils et des armes jouets. C'est aussi le cas des singes mâles, les femelles étant, au contraire, plus portées à jouer à la «poupée» (même lorsqu'elles manipulent un simple bâton).

À 3 ans, les enfants qui frappent un ballon le plus fort sont aussi les plus susceptibles de jouer avec des jouets considérés comme masculins, ajoute Mme Benenson.

L'environnement de l'enfant joue un certain rôle, nuance-t-elle. «Mais son influence demeure limitée, précise la chercheuse. Quand un intérêt très fort est là, il est fort probablement impossible de le faire disparaître totalement, et tout aussi impossible de le faire naître quand il est inexistant.»

Autre nuance: tous les garçons ne sont pas égaux. Parmi les bébés étudiés, plusieurs ne se sont pas montrés plus intéressés par la propulsion que les filles. Et en grandissant, un certain nombre d'entre elles préféreront les jeux de garçons. «Pour certaines, parce qu'elles grandissent entourées de frères, d'autres, pour des raisons hormonales», précise la professeure Benenson.