Un vent de mobilisation se fait sentir au Québec pour améliorer la persévérance scolaire, mais des défis persistent. Le taux d'obtention d'un diplôme varie grandement entre les régions, le milieu socioéconomique et le sexe.

Cet écart important qui persiste, particulièrement entre la proportion de filles et de garçons qui obtiennent leur diplôme avant l'âge de 20 ans, est source de préoccupation au terme des 2es Rencontres interrégionales sur la persévérance et la réussite scolaires qui se sont clôturées hier, à Québec.

Cartographie de la diplomation

«C'est inquiétant», convient Suzanne Veillette, chercheuse chez ECOBES et professeure au département des sciences humaines de l'Université du Québec à Chicoutimi.

Avec des collègues, elle a dessiné la cartographie de la diplomation pour la centaine de municipalités rurales de comté (MRC) que compte la province. Le portrait est éloquent. Dans une vingtaine de MRC, les filles obtiennent leur diplôme dans une proportion de 80% ou plus, soit l'objectif ministériel.

Mais du côté des garçons, aucune MRC ne s'en approche.

Par cette cartographie, les chercheurs espèrent cibler les endroits à risque pour intervenir plus tôt.

«Nous sommes en train de tenter de voir si nous sommes capables de prédire les taux d'obtention d'un diplôme des MRC à partir de différentes caractéristiques familiales et socioéconomiques», explique Mme Veillette.

Le colloque, qui a réuni plus de 800 personnes de tous les milieux, a permis de jeter un œil sur les progrès accomplis en matière de persévérance scolaire et de mesurer le travail qu'il reste à faire.

Le taux global d'obtention d'un diplôme à 20 ans frôle actuellement 74%. Le gouvernement a fixé la barre à 80% en 2020.

«Il faut reconnaître que vous êtes en train de réussir sur la persévérance. Grâce à vous, le Québec avance et connaît un progrès très important. Il y a des enfants qui, individuellement, auront une meilleure vie, une vie plus épanouie», a déclaré le premier ministre Jean Charest dans l'allocution de clôture.

Tous les milieux sont concertés. Un travailleur sans diplôme gagnera annuellement 7000$ de moins qu'un diplômé, toute sa vie durant, a rappelé Pierre Fortin, professeur émérite au département des sciences économiques de l'Université du Québec à Montréal.

«Le nouvel environnement économique exige qu'on combatte le décrochage scolaire. Le gain est à la fois économique et social, à la fois personnel et collectif.»

Pour y arriver, il importe d'agir «en continuité, avec cohérence et en cohésion pour l'avenir des jeunes», a pour sa part indiqué Michel Perron, président du comité organisateur de ce colloque et professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi.

Prudence

Prudence, a toutefois rappelé Michel Janosz, professeur à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal, qui a notamment évalué lastratégie «Agir autrement», un programme destiné aux écoles défavorisées.

«Il y a un risque que la mobilisation se transforme en agitation. Mobiliser, c'est nécessaire, mais ce n'est pas suffisant.»

L'efficacité passe obligatoirement par une évaluation du travail fait. Il faut être en mesure d'établir les initiatives qui fonctionnent, les mettre en place et former les intervenants en ce sens.