Des pays alliés de l'OTAN accentuent la pression sur le gouvernement Harper pour qu'il revienne sur sa décision de retirer les quelque 3000 soldats canadiens de Kandahar à partir du 1er juillet 2011.

Les États-Unis et la France, entre autres, souhaiteraient vivement que le Canada maintienne un contingent de soldats en sol afghan afin de poursuivre la lutte contre les insurgés talibans.

Mais à quelques jours du sommet crucial de l'OTAN qui doit avoir lieu à Lisbonne, au Portugal, les 19 et 20 novembre, le premier ministre Stephen Harper continue de résister à ces pressions venant des pays alliés.

Selon des informations obtenues par La Presse, la date de retrait des troupes canadiennes est une décision irrévocable pour le premier ministre. En fait, M. Harper discute actuellement avec les libéraux de Michael Ignatieff depuis quelques jours sur les intentions du Canada en Afghanistan une fois la mission militaire terminée.

Et il compte attacher toutes les ficelles cette option, avec l'appui des libéraux, avant de se rendre au sommet de l'OTAN qui traitera en priorité de l'avenir de la mission en Afghanistan. M. Harper dira donc formellement non à ses homologues des pays membres de l'Alliance militaire à Lisbonne.

«Depuis plusieurs mois, nous avons eu beaucoup de pressions de la part des alliés de l'OTAN pour prolonger la mission de combat en Afghanistan. Mais le premier ministre ne modifiera pas d'un iota la position du gouvernement, comme le veut la résolution adoptée par le Parlement en 2008 qui prévoit la fin de la mission militaire», a confirmé une source digne de foi.

Aide humanitaire, développement et formation

L'option que privilégie le gouvernement conservateur de Stephen Harper est de mettre l'accent sur l'aide humanitaire, le développement et la formation des forces de l'ordre afghanes, mais dans la région Kaboul, loin des tirs des insurgés talibans.

«Les troupes canadiennes vont quitter Kandahar en 2011. Et l'opposition officielle est au courant des options que nous voulons poursuivre après cette date et ce sera une mission de non-combat», a-t-on ajouté.

En juin, le chef libéral Michael Ignatieff avait proposé de maintenir un certain nombre de soldats en Afghanistan pour former des militaires et des policiers afghans. M. Ignatieff avait alors affirmé que cette option était dans l'intérêt du Canada car si les Afghans n'ont pas la formation nécessaire pour assurer leur propre sécurité, le pays pourrait bien redevenir une base à partir de laquelle Al-Qaïda pourrait se reconstruire et ourdir des attaques contre les démocraties occidentales.

Après la fin de la mission de combat, un nombre limité de militaires demeureront dans la région de Kaboul afin de mener à bien leur nouvelle mission, celle de former des soldats afghans.

Stephen Harper estime que le Canada a fait plus que sa part en Afghanistan. Depuis l'arrivée des soldats canadiens dans ce pays ravagé par des années de guerre, en 2002, 152 militaires, deux travailleuses humanitaires, une journaliste et un diplomate canadiens ont perdu la vie. La mission a coûté près de 10 milliards de dollars jusqu'ici aux contribuables.

À lui seul, le rapatriement des troupes canadiennes et tout l'équipement utilisé durant la mission coûtera près d'un milliard de dollars.