Le mont Jay Peak est sur le point de connaître la plus longue saison de son histoire. Des centaines de sportifs ont dévalé les pentes de la station du Vermont en ce deuxième week-end du mois de mai, faisant le bonheur des amateurs de ski de printemps, mais le malheur des habitants vivant à une centaine de kilomètres de là. Car les quantités phénoménales de neige qui sont tombées sur les régions montagneuses du nord-est des États-Unis sont en partie responsables des pires inondations à survenir dans la vallée du Richelieu depuis 140 ans.

«De mémoire, il s'agit du meilleur mois d'avril de notre histoire», a expliqué hier Bill Stenger, président de la station Jay Peak, qui a ouvert ses portes dans les années 50 et qui ferme généralement aux alentours du 25 avril. «Nous jonglons avec l'idée de garder le centre ouvert le week-end prochain. Si c'est le cas, 2011 serait la plus longue saison de notre histoire.»

Le mont Jay Peak fait partie des Montagnes vertes. Il est situé dans l'État du Vermont, tout juste au sud de la frontière canado-américaine. Une autre grande chaîne de montagnes se trouve à l'ouest: les Adirondacks. Les deux régions montagneuses sont séparées par le lac Champlain. Au printemps, lorsque la neige fond, le bassin devient une sorte de réceptacle qui reçoit les eaux de ruissellement.

1000 cm de neige

Jay Peak a reçu cette année plus de 1000 centimètres de neige, près de 15% de plus qu'à l'habitude. À la mi-avril, une tempête a déversé près de 100 centimètres de neige sur les montagnes du Vermont en seulement quelques jours. Environnement Canada a par ailleurs calculé que la région des Adirondacks avait reçu le double de quantité de précipitations (neige et pluie) que la normale au mois d'avril.

La fonte de la neige dans les Montagnes vertes et les Adirondacks a été accélérée en avril par des chutes abondantes de pluie. Le week-end de Pâques, le lac Champlain a atteint un niveau jamais vu depuis 1869. Hier, le niveau de l'eau était 30 centimètres de plus que la normale.

Le lac Champlain se déverse dans la rivière Richelieu, dont les crues historiques ont forcé l'évacuation de près de 1000 personnes.

L'autre cause des inondations qui affligent la Montérégie sont les précipitations abondantes au mois d'avril au Québec. Environnement Canada a recensé que 127 millimètres de pluie, le double de la normale, étaient tombés au mois d'avril sur la région. De 50 à 65 centimètres se sont ajoutés de mardi à vendredi derniers.

Robert Leconte, ingénieur et spécialiste en hydrologie à l'Université de Sherbrooke, explique que les précipitations de la semaine dernière ont fait gonfler la rivière Richelieu, car les sols de la région regorgeaient déjà d'eau en raison de la fonte des neiges et des pluies d'avril. Les sols du secteur absorbent par ailleurs moins bien l'eau puisqu'ils sont argileux. «Tous les facteurs étaient réunis pour engendrer les pires inondations en plus d'un siècle», a-t-il résumé.