Après 48 heures de tempête, on tentait de payer les pots cassés au Parti québécois (PQ), mercredi. Pauline Marois, plusieurs députés et même le nouveau président du parti, Raymond Archambault, réfléchissaient même à voix haute sur un retour possible des députés démissionnaires.



Mais il y a toujours passablement d'acrimonie à l'endroit de Lisette Lapointe, femme de Jacques Parizeau. Pauline Marois avait semblé sceller mercredi matin sa rupture avec le camp de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, tout en tendant la main aux autres démissionnaires, Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Jean-Martin Aussant.

«Mme Lapointe est allée trop loin, dans ce sens, elle n'est pas bienvenue» a laissé tomber en début de journée mercredi Mme Marois, au cours d'une entrevue radiophonique au 98,5.

Plus tard cependant, elle est revenue en arrière. «Je suis prête à accueillir Mme Lapointe, mais elle devra cependant accepter la décision prise, non par moi, mais par 1800 délégués au congrès, sa proposition a été défaite. Je n'ai aucun problème avec elle, mais il faut qu'elle soit solidaire des décisions qui se prennent», a soutenu la chef péquiste par la suite. Au congrès d'avril, Mme Lapointe avait tenté, en vain, de faire adopter un plan de match plus musclé pour arriver à la souveraineté.

Mais la réticence exprimée par Mme Marois aura vite permis à certains députés d'exprimer leur dépit à l'endroit de leur collègue de Crémazie. «Ma chef lui a fermé la porte. Mme Lapointe a dit que l'air était irrespirable au caucus. Je pense qu'elle (Mme Lapointe) était aussi (responsable) du fait qu'on ait de la misère à respirer», a soutenu Danielle Doyer, députée péquiste de Matapédia.

Selon elle, les démissionnaires voulaient quitter la politique et «ont saisi une occasion». «Mme Beaudoin a, à maintes reprises, dit qu'elle voulait partir. M. Aussant tout juste élu disait qu'il voulait partir!», a lancé Mme Doyer.

Selon Pauline Marois, Mme Lapointe «n'a jamais accepté» de mordre la poussière sur sa proposition quant à la démarche souverainiste, repoussée par les militants péquistes en congrès à la mi-avril. «Elle souhaitait qu'on reprenne la stratégie de M. Parizeau en 1995, or, on est en 2011, la stratégie doit être différente!», a dit Mme Marois.

Dans une rare présence au caucus des députés, le nouveau président du parti, Raymond Archambault, rêvait aussi d'une réconciliation avec ceux qui ont claqué la porte. «Dans les conversations que j'ai eues, j'ai l'impression qu'il y a peut-être des regrets chez les démissionnaires», observe-t-il, convaincu que «l'hémorragie est terminée».

Vétéran, élu depuis 1976, Francois Gendron souhaite aussi le retour des quatre démissionnaires, «parce que le changement, la nouveauté, c'est de notre côté» a-t-il soutenu.

Bien des députés, de Nicolas Girard à Sylvain Gaudreault, en passant par Bernard Drainville, tenaient des propos quasi identiques

Défi de Drainville

La veille, le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, avait forcé la main à Pauline Marois pour qu'elle accepte de laisser ses députés voter librement sur le projet de loi controversé sur l'amphithéâtre de Québec. Ce test a été remis à septembre par le premier ministre Charest.

Consciente du tollé soulevé dans son parti, Mme Marois devait passer un bon moment mercredi soir en téléconférences, avec les présidents des associations de circonscription pour expliquer ce qui avait guidé sa décision.

En entrevue mercredi, M. Drainville a reconnu avoir «plaidé pour le vote libre». Mme Marois voulait plutôt permettre à quelques députés d'être absents lors du vote. «Avec quelques députés, on a convaincu Mme Marois», a-t-il dit. En fait, dans le huis clos, après la confrontation avec Mme Marois, les députés Stéphane Bergeron, Pascal Bérubé, Claude Cousineau et Sylvain Pagé avaient vite joint leurs voix à celle du député de Marie Victorin, a-t-on appris.

«J'ai donné le vote libre mardi», a soutenu mercredi Mme Marois qui, en point de presse la veille, n'avait pourtant parlé du vote libre que comme une «hypothèse sur la table». Bien des députés avaient trouvé exagéré l'ultimatum lancé par Drainville à sa chef, «tout ce qui s'exprime en caucus c'est jamais trop loin!,» a dit Stéphane Bergeron.

Avec le gâchis des derniers jours, bien des élus questionnent en coulisse le jugement des conseillers de Mme Marois, en particulier Nicole Stafford, chef de cabinet. Des députés montrent aussi du doigt Stéphane Bédard, leader parlementaire.