Les fraudes par ordinateur et le clonage de cartes de débit ou de crédit ont connu une augmentation exponentielle au Québec, révèlent les plus récentes statistiques du ministère de la Sécurité publique.

Dans les documents produits pour l'opposition pour l'étude des crédits du Ministère en 2009-2010, des audiences qui ont eu lieu la semaine dernière, le Ministère de Robert Dutil révèle qu'entre 2008 et 2009, le nombre de dossiers pour des clonages de cartes est passé de 95 à 265.

Dans 60 dossiers, en 2008, les clonages de cartes ont causé des pertes financières identifiables - la plus importante a été de 19 163$, pour un total de 120 000$.

Ces copies de cartes ont pris un envol évident l'année suivante, révèlent les chiffres dont La Presse a pris connaissance. Des 265 dossiers de 2009, 123 ont provoqué des pertes pécuniaires. Un total de 341 000$ de fraudes, dont la plus importante a été de 22 143$.

Les fraudes par ordinateur sont aussi en progression évidente; 299 en 2008, contre 430 l'année suivante.

Les sommes en cause pour 2008 atteignent 843 000$ tandis que pour 2009, on atteint 980 000$. La fraude la plus importante était de 101 000$ en 2008, mais de 261 000$ en 2009, soit plus du double. Ces données recueillies par le ministère de la Sécurité publique incluent les rapports des policiers municipaux, de la SQ et des policiers autochtones. Elles ne tiennent compte que des incidents signalés à la police, précise-t-on.

Ces statistiques viennent jeter plus de lumière sur les appels fréquents des corps de police à une plus grande vigilance de la population envers cette criminalité d'un nouveau type.

La GRC et la SQ ont conjointement lancé un tel appel au Saguenay, ce printemps.

Entre 2007 et 2010, le bureau régional de la SQ a traité 564 dossiers liés à des cas de fraude. De ce nombre, les faux chèques, les transactions au guichet automatique, les vols d'identité et les fraudes informatiques sont les crimes les plus souvent constatés.

Les cas de marketing de masse, comme des héritages frauduleux ou des ventes trompeuses, et les fraudes sur l'internet gagnent du terrain, observent aussi les policiers.

Pour ce qui est de la GRC, les fraudes sur l'internet en 2010 ont atteint 300 000$ uniquement pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Selon la police, le crime organisé est derrière 80% de cas de fraudes répertoriés au Canada.

Modus operandi

Les enquêteurs travaillent en étroite collaboration pour retrouver les criminels, mais la vigilance demeure le meilleur moyen de se prémunir contre les fraudeurs.

La police préconise de ne pas se hâter quand les bandits frappent à l'écran. Les personnes qui se font solliciter, par téléphone ou par ordinateur, doivent prendre tout leur temps. Pour le fraudeur, la rapidité de l'exécution est importante, une transaction reportée de quelques minutes ne se fera probablement pas.

Les policiers croient qu'avec le vieillissement de la population, les personnes âgées seront de plus en plus ciblées par les fraudeurs qui pratiquent le marketing de masse.

Plusieurs cartes de débit ont été clonées, ce printemps, à Roberval, et un grand nombre de retraits ont été effectués du côté de Montréal.

Au Saguenay, plus de 300 cartes auraient été clonées, mais les institutions financières auraient eu le temps d'en désactiver plusieurs avant qu'un retrait ne soit effectué.

Souvent, ces gestes n'arrivent pas aux oreilles de la police. Les institutions financières, qui ont leur propre service d'enquête, règlent les litiges avant qu'ils ne prennent la route de la plainte judiciaire.

Trois Montréalais arrêtés

Il y a quelques semaines, les enquêteurs de l'Unité de la fraude de la police de Québec ont procédé à l'arrestation de trois Montréalais, après qu'un d'eux eut été pris en flagrant délit alors qu'il tentait de remplacer un appareil de paiement électronique - communément appelé TPV - dans le restaurant d'un important centre commercial de la Capitale.

L'homme de 21 ans a été arrêté à la suite d'une courte enquête de la police de Québec qui a également permis de mettre la main sur deux complices, des hommes de 23 et 25 ans.

Les trois compères se présentaient dans un établissement commercial et, après avoir détourné l'attention du commis, remplaçaient le terminal servant à procéder aux transactions électroniques - débit ou carte de crédit - par un appareil permettant de noter toutes les données des cartes et les mots de passe des usagers. Les criminels revenaient sur place à peu près une heure plus tard afin de remettre l'appareil d'origine en place et s'en aller avec l'appareil modifié qui leur dévoilait alors les données leur permettant de produire des cartes de crédit ou de débit illégales.

Les policiers ont saisi trois appareils TPV et la voiture des suspects, avant de mener une perquisition dans une chambre d'hôtel de Québec où ils ont mis la main sur des outils servant à modifier les TPV.