Il arrive parfois qu'une série télé soit si pertinente qu'elle dépasse sa simple intrigue ou ses personnages pour se retrouver au milieu d'un phénomène de société beaucoup plus large. Comme si elle arrivait à rejoindre l'air du temps.

Qu’est-ce qu’un XTRA?

XTRA est une section qui regroupe des contenus promotionnels produits par ou pour des annonceurs.

Autrefois très marginalisé, l'univers transgenre commence tranquillement à faire quelques percées dans la culture populaire, pour se révéler dans toute sa complexité et son authenticité.

La série Transparent a vu le jour en 2014, après que l'auteure et réalisatrice Jill Soloway ait vécu la « sortie du placard » de son propre père, qui s'est révélé comme transgenre à un âge avancé. Soloway, derrière les excellentes séries Six Feet Under et United States of Tara, a tout de suite compris qu'elle tenait la série qu'elle cherchait à créer depuis toujours.

Il semblait au départ peu probable que le projet se concrétise, non seulement par le sujet abordé, mais également par la facture rappelant le cinéma indépendant, l'humour assez noir qui sous-tend les épisodes, les dialogues très aiguisés et parfois crus, et les acteurs peu connus. On y suit une famille privilégiée de Los Angeles, dysfonctionnelle et imparfaite, mais aussi très attachante et vraie, alors que le père annonce à ses enfants qu'elle est en fait une femme. Au-delà de la transition du personnage central, cette réalité peut également être vue comme la simple nécessité d'une famille de s'ajuster au changement et de réussir à s'entendre.

Les protagonistes du projet ont rapidement constaté son ampleur, qui se rapprochait peut-être même du mouvement des droits civiques ayant marqué le 20e siècle. Soloway a ainsi pris la responsabilité de mettre de l'avant le mouvement transgenre en lui donnant une voix, démystifiant du même coup cette réalité pour un large public qui démontre maintenant beaucoup de curiosité.

Transparent a rejoint une audience inespérée, devenant l'un des plus importants succès télévisuels américains des dernières années. La série a été couronnée de nombreux prix, incluant le Golden Globes de la meilleure série télé, celui du meilleur acteur pour Jeffrey Tambor qui incarne le personnage principal, celui de la Directors Guild of America, ainsi que 5 Emmy Awards.

La série dramatique Transparent sera présentée pour la première fois au Québec sur les ondes d'ICI ARTV, à partir du 28 janvier.

Trois parcours uniques

ICI ARTV s'est intéressée à la question et a rencontré 3 personnes transgenres d'ici, qui partagent leur expérience avec beaucoup de candeur. Un beau moyen de réaliser qu'à la télé comme dans la vraie vie, les enjeux principaux demeurent les mêmes.

Fox, 17 ans, un artiste en devenir, ne se considère aujourd'hui ni comme un garçon ni comme une fille, mais plutôt comme « agenre ». Il ne souhaite pas que son identité soit limitée par un genre ni par aucun stéréotype.

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Lucas, 25 ans, un musicien et DJ d'origine française, assure qu'il a trouvé au Québec une communauté de gens qui le soutiennent. Le jeune homme affirme s'être « choisi lui-même », après plusieurs années d'inconfort.

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Monica, 57 ans, a amorcé sa transition plus tard dans sa vie, après avoir eu deux enfants. Elle est devenue conférencière, ainsi que présidente de l'ATQ (Aide aux Trans du Québec).

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Ligne du temps

1952 : Christine Jorgensen, ex-militaire américaine, devient la première femme connue à subir une chirurgie de réattribution sexuelle au Danemark. Elle devient une célébrité et agit comme « porte-parole » des personnes transgenres.

1965 : Le psychiatre John F. Oliven publie Sexual Hygiene and Pathology, dans lequel il introduit le terme transgenre, expliquant que le terme « transsexuel » peut porter à confusion, étant donné que la sexualité n'est habituellement pas un facteur important dans l'équation.

1969 : Les émeutes de Stonewall, un bar gai de New York, marquent le début des revendications LGBT.

1987 : Le DSM III, le plus important manuel de référence en psychiatrie, ajoute la notion de « dysphorie d'identité de genre » pour classifier les personnes transgenres.

2005 : La Californie devient le premier État américain à couvrir les frais de santé reliés au changement de sexe.

2009 : La Régie de l'Assurance Maladie du Québec commence à défrayer les coûts liés aux chirurgies de réattribution de sexe. La personne qui le désire doit présenter 2 rapports psychologiques concluant que ces procédures sont nécessaires à son bien-être.

2013 : Toujours au Québec, la loi 35 permet aux personnes transgenres de changer leur nom ainsi que leur genre pour tous leurs papiers officiels, sans qu'il soit nécessaire d'avoir recours à la chirurgie.