Comme ma tournée était en pause ces dernières semaines, j'en ai profité pour bisouner au chalet, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, écrire pour moi-même, pianoter, lire et terminer quelques projets parallèles. C'est toujours bon de prendre un peu de recul avant de sauter à nouveau dans l'arène. Prochaine valse: lundi le 14 juin au Francofolies de Montréal.

Vieux rêve

Ça me rappelle qu'il y a deux ans, j'étais à méditer «Un serpent sous les fleurs», à l'autre bout du monde.

Printemps 2008; un vieux rêve d'adolescence se réalise: parcourir pendant une semaine complète Goa la mythique située sur la côte Ouest de l'Inde, donnant sur la Mer d'Oman. Là où, presque chaque jour (quand ce n'est pas la mousson), la température dépasse les 32 degrés.

Les paysages ressemblent étrangement à ceux d'Amérique du Sud: cocotiers, palmiers, terre rougeâtre et montagnes désertiques, routes sinueuses et cahoteuses, à peine assez larges pour deux véhicules ou un scooter et quelques vaches sacrées...

Et bien sûr : l'Océan Indien gigantesque qui lèche les superbes plages de sable blond.

Nous avions loué une petite hutte au bord de la mer à Ashvem, petit bled non loin de la ville de Arambol.

L'ambiance était aux douceurs de la vie: baignades relaxantes, bains de soleil, longues promenades en scooter avec pas d'casque dans l'air chaud et salin, découvertes culinaires délicieuses et audacieuses (accompagnées des quelques inconvénients qui vont avec, mais bon!), lecture, écriture, rencontres festives et soirées techno transe sous la lune et ses millions d'étoiles.

Photo: Marie-Pier Veilleux

Fin d'après-midi à Ashvem au terrain de jeu du village

Suivez le guide...

Goa est le plus petit état de l'Inde, avec seulement 3702 kilomètres carrés et 1,50 millions d'habitants majoritairement rassemblés sur la côte. La pêche, l'exploitation du sous-sol, les plantations d'épices, de noix de coco et noix de cajou et le commerce de l'alcool peu ou pas taxé, font rouler l'économie de la région.

(À ce sujet, en visite chez les parents d'un ami rencontré dans un rave, nous avons eu la chance, ou la malchance (?!), de goûter l'alcool de cajou de son père... Genre de baboche artisanale, voire médicinale, à 85%... Brrr... À tuer un éléphant! Qu'est-ce qu'on ferait pas pour être poli...)

Mais c'est surtout le boom touristique depuis les années 50 qui font de Goa un État plus opulent avec un revenu, par habitant, qui serait à peu près quatre fois supérieur à la moyenne indienne.

Les kilomètres de plages bordant l'océan dans cette atmosphère de liberté et de détente héritée de la colonisation portugaise ont attiré les premiers routards occidentaux jusqu'à devenir dans les années 70 un haut lieu de la culture hippie.

Mais la grande époque des « enfants vedge » est aujourd'hui pas mal révolue. Seuls quelques anciens freaks, amers et désabusés, traînent encore sur les plages tandis que de jeunes nostalgiques passent leurs vacances sur des motos de location... ou à l'hôpital. Parce que c'est vraiment dangereux de s'y aventurer, croyez-moi.

Photo: Marie-Pier Veilleux

Pêcheurs dans leurs barques médiévales près de Arambol

Goa était et est encore le seul endroit en Inde où l'on peut voir des blancs à moitié nus, et cela attire des millions de touristes indiens. Certains disent que Goa a des allures de petit Brésil; même les Indiens venus d'autres États jouent le jeu, se laissant aller boire et danser au bord de la mer. Avec tout de même beaucoup de retenue pour les femmes qui se baignent en sari.Bref, je n'ai rapporté dans mes bagages que de bons souvenirs de Goa (même si ce n'est pas l'endroit que j'ai préféré en Inde. L'Uttar Pradesh et l'Himachal Pradesh plus au Nord m'auront davantage marqué. Peut-être vous en parlerai-je dans une prochaine chronique).

Retour à la réalité

Les vieilles branches ramassées, le patio décapé et traité, les fleurs plantées, le ménage du printemps terminé, je suis prêt à retourner sur les planches pour un autre été sur la route.

Rappel : 14 juin aux Francos avec mes amis les étoiles : Ariane Moffatt, Loco Locass, Samian, Fred Fortin et Bernard Adamus.

Pour les autres dates :

https://www.yannperreau.com/blog/

Photo: Marie-Pier Veilleux

En Inde, même à Goa, les femmes indiennes se baignent en sari