Mon ancêtre Nicolas Perrot serait arrivé en Nouvelle-France vers 1660. Il était ce que l'on appelle un engagé. Coureur des bois et serviteur des Pères Jésuites, ces derniers l'instruisent et lui apprennent les dialectes des tribus qu'ils visitent.

En 1667, il établit un poste de traite de fourrures à LaBaye. À cette période, Nicolas restaure la paix entre les Indiens Fox et Ojibwe durant leur guerre. Le premier contact entre les Indiens Miami et les Européens fut en 1668, alors que Nicolas Perrot les rencontra dans leur village, près de Fox River, au sud du Wisconsin. Nicolas est considéré comme un interprète et un orateur de premier ordre, instruit et doté de talents supérieurs, brave et rusé au possible. Il a une belle écriture et possède l'art de coucher sur papier ses observations.

En 1684, Nicolas entreprend un voyage périlleux, accompagné d'une vingtaine d'hommes, il se rend jusqu'à la baie des Puants, il y délivre la fille d'un chef Sauteux détenue chez les Renards et obtient de ce chef la promesse que sa nation n'entrera pas en guerre avec celle qui s'est rendue coupable de cet enlèvement.

On sait qu'il est respecté par les autochtones qui le surnommaient «l'homme aux jambes de fer». Marcheur invétéré, ayant parcouru plusieurs dizaines de milliers de kilomètres et ayant affronté les pires périls, il est décédé le 13 août 1717.

Source: Richard Perreault, Joliette

Photo: Anaïs Barbeau-Lavalette

Avec Monik et sa mère, l'aînée des Algonquins d'Abitibi

Chez les Algonquins

Si je raconte tout ça, c'est que j'arrive d'un séjour dans la Communauté anicinape de Kitcisakik, petite communauté située dans la partie nord de la Réserve faunique La Vérendrye dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue.

J'y ai passé du temps d'une qualité sublime et sentis le besoin, à mon retour au bercail, d'aller consulter mon arbre généalogique.

Pourquoi je me suis senti si bien, si à l'aise en compagnie de ces gens que je ne connaissais pas et qui vivent à un rythme si différent du mien? Existe-t-il un lien entre le vécu de mon aïeul et la simplicité avec laquelle j'ai tissé ces nouvelles amitiés? Est-ce que je pense trop ?!!

Les réponses importent peu. Ce qui compte, c'est de continuer d'apprendre à travers les questionnements. Ce que j'ai vu là-bas restera gravé dans mon âme à jamais.

Photo: Anaïs Barbeau-Lavalette

À Kitcisakik: ne cherchez pas de fils électriques.

Tiers-monde en ce pays

Les Anicinapek de Kitcisakik n'ont jamais quitté leur terre ancestrale et leur communauté n'a pas de statut légal reconnu. Ils sont en quelque sorte considérés comme des «squatteurs». Ils continuent de vivre sur leur territoire traditionnel, sans bénéficier de logements adéquats, sans eau courante et sans électricité à part celle des génératrices bruyantes. On chauffe au poêle à bois, on cuisine au gaz, etc...

Même si Kitcisakik est située à moins de quatre heures de route du Parlement du Canada, ses quatre cent cinquante habitants vivent dans des cabanes mal isolées d'une seule pièce, sans eau courante, sans toilette et sans électricité. L'absurde, c'est qu'un barrage hydro-électrique coupe la rivière juste à côté du village, à moins de mille pieds du centre communautaire.

Faudrait passer le mot au Grand Bâtisseur John James et au Fossile de l'Alberta.

Jeunesse désorientée

Les enfants, doivent quitter leurs parents tous les dimanches soir, pour être transportés dans des foyers scolaires à Val d'Or dès l'âge de 9 ans, à quelque cent kilomètres de leur famille pour aller à l'école des allochtones. Ils ne reviennent dans leur famille que les vendredis soir.

Ce déracinement est sûrement une des sources du problème de consommation de drogues et alcools auquel font face plusieurs adolescents Algonquins qui trop souvent ne trouvent autre solution que le suicide.

Photo: Yann Perreau

«Ti-Gars» et Monik s'apprêtent à poser des collets à lièvres

L'appel de la forêt

Heureusement, la lumière de vie demeure plus forte et de valeureuses personnes se donnent comme mission de redonner espoir à la relève.

Je suis allé dans la forêt à la rencontre de Monik au «Lac à l'Eau Calme», à une vingtaine de kilomètres du village de Kitcisakik. Elle y passe tous ses hivers dans sa petite cabane en bois rond, en bordure du lac, en compagnie de sa mère, l'aînée des Algonquins à 95 ans (qui ne parle que sa langue), sa soeur, son neveu et son ami Benoît dit «Ti-gars».

Aussi souvent que possible, elle reçoit des classes de jeunes pour leur enseigner les moeurs traditionnelles, ainsi que l'algonquin, leur langue d'origine, tranquillement en train de tomber dans l'oubli.

Joyeuses Fêtes et bonne année 2010 !

Malgré les moins 30 degrés Celsius qu'il faisait lors de mon passage à «Lac à l'Eau Calme», mon coeur est encore rempli de chaleur.

Vous pourrez voir un montage de mon séjour dans une des dix émissions de «La Voix Humaine» série présentée l'année prochaine sur les ondes d'ARTV.

Je pars à l'instant pour l'Argentine que j'aurai la chance de parcourir pendant les trois prochaines semaines : vacances bien méritées ! Je reviendrai avec d'autres récits au début du mois de janvier. D'ici là, je vous souhaite de joyeuses fêtes!

Photo: Anaïs Barbeau-Lavalette

Yann dans le Cercle de l'amitié avant son départ