Nourriture étonnante, insectes, longs déplacements, qualité de l’eau, maladies… Un voyage en famille chamboule les habitudes. Mais ça n’a rien d’une mission impossible. Chaque semaine, des experts répondent à une question dans le but de faciliter les escapades avec des enfants.

Comment éviter les pleurs de bébé et les sueurs froides pour les parents en avion ?

« Prendre l’avion avec un bébé ne rime pas forcément avec pleurs, dit Sophie Reis, autrice du livre Le guide des parents voyageurs : s’inspirer, s’informer, s’équiper, 0-12 ans. C’est un mythe malheureusement trop répandu et qui fait mauvaise presse aux familles voyageuses. »

Cette maman, qui a fait une centaine de vols avec ses deux enfants âgés de 2 mois à 6 ans, rappelle que les enfants et les bébés ne ressentent pas systématiquement un inconfort au décollage et à l’atterrissage. « C’est souvent la crainte des parents, mais cela varie, comme chez les adultes », précise-t-elle. Si on voyage avec un poupon, on peut diminuer le risque de douleur aux oreilles en le nourrissant. « On l’allaite, on lui donne le biberon ou la suce », conseille Caroline Trépanier, conseillère en voyages au Club voyages Mille et une nuits de Mascouche.

Au moment de la réservation, Mme Trépanier suggère de choisir les sièges avec soin. Sur les vols internationaux et certains vols vers le Sud, des appareils sont équipés de berceaux, très pratiques pour faire dormir bébé… et libérer les bras des parents. 

On essaie aussi de choisir, lorsque c’est possible, des vols mieux adaptés à la routine du bébé, avec un départ le matin et un retour l’après-midi, par exemple.

Caroline Trépanier, conseillère chez Club voyages Mille et une nuits et mère de trois enfants

Parmi les précautions à prendre le jour du départ : arriver tôt, question de se laisser une marge de manœuvre pour gérer le plus sereinement possible les imprévus. « On en profite pour laisser les plus vieux se dégourdir les jambes et dépenser leur énergie », souligne Mme Trépanier. À noter que plusieurs aéroports offrent désormais des aires de jeux pour les tout-petits.

Une fois à bord de l’avion, l’une des recommandations de Mme Reis est d’être en mesure de combler les besoins de bébé (réconfort, nourriture, sommeil, divertissement) de façon autonome, c’est-à-dire sans dépendre de l’équipage. « Cela veut dire d’avoir du lait, de la nourriture ou des collations en tout temps, explique-t-elle. Même chose pour les jeux et jouets : c’est bon de ne pas dépendre du système de divertissement de l’avion. » Mme Trépanier se souvient des petits sacs à surprises qu’elle préparait pour son trio : « J’y mettais des cahiers d’activités, du coloriage, des figurines, des autocollants, plein de petites choses pas chères, adaptées à leur âge, que je sortais un peu à la fois. » 

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Si on voyage avec un poupon, on peut diminuer le risque de douleur aux oreilles en le nourrissant.

Aujourd’hui, plusieurs de ces options se retrouvent… dans la tablette électronique ou le téléphone intelligent. « S’il y a bien une situation où la tablette est utile, c’est lors d’un vol, où on est confiné et qu’il ne faut pas trop bouger, indique Mme Trépanier. Assurez-vous de charger chacun des appareils avant de partir. » Et à ne pas oublier : les écouteurs.

En cours de vol, bébé éclate en sanglots, se fâche, pleure, hurle ? On essaie de rester calme, suggère Sophie Reis, fondatrice du site de référence pour parents voyageurs BB Jetlag. 

Les enfants sont des petites éponges, ils absorbent les émotions environnantes et sont par conséquent très sensibles au stress des parents. Si on est calme, les chances que nos enfants le soient aussi augmentent.

Sophie Reis, fondatrice de BB Jetlag

Caroline Trépanier propose de se munir d’un porte-bébé, à la fois pour promener bébé dans l’allée et pour se libérer les mains. « Le bébé va reconnaître l’odeur des objets auxquels il est habitué, comme une petite couverture ou un toutou, qui deviennent des repères », ajoute Mme Trépanier.

Et si on est le passager voisin d’une famille avec bébé ? Alors on déploie bienveillance, empathie et patience. « Il ne faut pas partir avec un préjugé négatif, confie Mme Reis. Le parent voyageur a sa place comme tout autre passager. Et s’il est attentif aux besoins de son bébé et qu’il ne lâche pas prise, alors il ne faut pas oublier qu’il fait son possible ! » En ce sens, soupirs d’exaspération et coups d’œil furtifs sont inutiles : ils ne mettent que de la pression supplémentaire sur les parents stressés…

Pour détendre l’atmosphère, certains parents de jeunes enfants achètent des bouchons qu’ils distribuent à leurs voisins. « C’est drôle et ça dédramatise », conclut Mme Trépanier.

Anecdotes de parents…

Mon fils avait 14 mois lorsque j’ai pris un vol vers le Nunavik. Il pleurait beaucoup et une femme m’a offert de le prendre pour le promener calmement dans l’allée. Elle l’avait attaché à son dos. Ça m’avait beaucoup touchée !

Valérie Dion

Mon fils d’un peu plus de 2 ans a fait une méga crise lors d’un vol et une fois qu’il s’est endormi, l’agente de bord nous a offert une bouteille de champagne gratuitement et des doudous. Elle avait montré beaucoup d’empathie, ayant elle-même cinq enfants.

Christiane Pitre

Lors d’un vol vers l’Espagne, ma fille de 22 mois refusait de rester assise sur nous. Elle hurlait pour se promener. Je me sentais mal de déranger les autres passagers. Je voyais des personnes nous jeter des regards ou se boucher les oreilles, mais plusieurs nous regardaient avec compassion.

Geneviève Décarie