C’est un classique. Pour souligner son départ en vacances dans le Sud, l’internaute affiche sur Facebook ou Instagram une photo de son passeport et de sa carte d’embarquement.

Ce n’est pas une bonne idée. Car la photo donne tout ce qu’il faut à une personne mal intentionnée pour modifier la réservation…

« Est-ce que n’importe qui pourrait avoir de l’information privée, comme le numéro de passeport, la date de naissance ou le numéro d’assurance sociale ? La réponse est non », affirme Sylvain Campeau, chef de l’Expérience passagers à l’Association internationale du transport aérien (AITA).

La carte d’embarquement en soi contient relativement peu d’information : le nom du passager, le code de la compagnie aérienne, l’aéroport de départ et celui d’arrivée, l’heure de départ.

Le code-barres ou le code QR (le carré en noir et blanc) présentent sensiblement la même information. Ils visent essentiellement à accélérer les procédures à l’aéroport. Il peut comporter des renseignements additionnels, mais ceux-ci sont cryptés.

Il y a des signatures digitales dans le code QR. Bien malin est celui qui, avec une application, peut être capable de décrypter ces inscriptions.

Sylvain Campeau, chef de l’Expérience passagers à l’Association internationale du transport aérien (AITA)

Les transporteurs aériens colligent dans leurs dossiers quelques données personnelles sur leurs passagers, mais pour y accéder, il faut donc des codes d’accès ou des mots de passe. Ce qui est rassurant pour le voyageur.

Il faut toutefois faire attention aux recoupements que pourrait faire une personne malveillante, prévient Céline Canu, directrice adjointe de l’Expérience passagers à l’AITA. Sur bon nombre de pages Facebook, il suffit de chercher un peu pour trouver la date de naissance de quelqu’un.

En outre, certaines cartes d’embarquement peuvent afficher le numéro de réservation ou le numéro de voyageur assidu. C’est là que les choses se corsent.

Dans sa politique sur la protection des renseignements personnels, Air Canada est bien claire : quelqu’un qui a le nom complet et le numéro de réservation d’un passager peut obtenir de l’information sur la réservation en question et la modifier.

« À moins d’indication contraire, nous considérons que ce tiers a votre consentement et votre autorisation […] pour effectuer des réservations [et y apporter des modifications] en votre nom », fait savoir le transporteur canadien.

« Si vous ne voulez pas qu’un tiers puisse obtenir des renseignements sur vous ou apporter des modifications à votre réservation, vous devriez éviter de lui donner votre numéro de réservation », poursuit Air Canada.

Sylvain Campeau fait cependant remarquer que, généralement, la carte d’embarquement peut être délivrée 24 heures avant le vol au plus tôt. Ce qui minimise le temps où quelqu’un pourrait jouer un mauvais tour au passager.

L’AITA recommande quand même de ne pas afficher sa carte d’embarquement.

« Ce n’est jamais une bonne idée de dire qu’on est parti, pour combien de temps, etc., affirme Céline Canu. Les personnes malveillantes pourraient utiliser ces informations pour s’assurer que la personne est partie et que la maison est sans surveillance afin d’effectuer un vol à domicile. »