L’attaque est sournoise. Elle se fait de nuit, quand la victime est sans défense, profondément endormie dans un lit qui semblait si invitant.

Pour être certaine de ne pas alerter sa victime, un simple voyageur, la crapule lui injecte un anesthésique et la mord sauvagement afin de boire son sang.

Ce n’est que quelques heures ou quelques jours plus tard que le voyageur constate l’agression : des boursouflures qui ressemblent à des piqûres de moustique et qui démangent terriblement.

Au-delà d’une simple constatation des dégâts, le voyageur doit faire face à un problème angoissant : comment faire en sorte de ne pas rapporter à la maison la crapule, qui se hâtera de se multiplier pour mener des attaques concertées ?

La crapule en question, c’est la punaise de lit, une engeance qu’on peut trouver dans les hôtels luxueux tout comme dans les auberges de triste réputation.

Des cachettes dans la chambre

« La chambre d’hôtel n’est pas nécessairement infestée, déclare Daniel Savoie, un formateur de l’Association québécoise de la gestion parasitaire. Ça peut être un hasard : le client d’hier est venu, il en a débarqué une. Toi, tu es le client d’aujourd’hui, tu la rembarques dans tes bagages. »

C’est quand même une bonne idée de consulter le site internet Bed Bug Registry avant de réserver une chambre d’hôtel, ou encore de lire les critiques dans des sites comme TripAdvisor.

Les punaises peuvent se cacher dans de minuscules fissures dans les murs ou la tête de lit, dans les prises électriques, la prise de téléphone.

« Souvent, c’est autour du lit. Elles ne sont pas folles, elles se tiennent près du lunch. »

La nuit venue, lorsque tout est tranquille, la punaise vient piquer puis retourne se cacher. Mais pas nécessairement dans sa cachette originale.

« Elle peut décider de se cacher dans la mallette de l’ordinateur, à côté du lit, ou dans une trousse de maquillage laissée sur la table de chevet. Ça peut prendre deux, trois, quatre jours avant qu’elle décide de ressortir pour manger encore. Tu as donc le temps de prendre l’avion et de rentrer chez toi. Et elle débarque chez toi. »

Précautions à prendre

La première chose à faire, c’est d’essayer de détecter la présence de punaises de lit. On peut inspecter la tête de lit, le mobilier, les coutures du matelas. 

On recherche des punaises vivantes ou mortes, des peaux de punaises qui ont mué, des œufs ou des excréments (de petites taches noires sur les draps ou le matelas). Les punaises elles-mêmes sont de petits insectes de la taille d’un pépin de pomme, de forme aplatie.

« Si on trouve des punaises de lit dans un hôtel, il faut changer de chambre ou changer d’hôtel », affirme M. Savoie.

Toutefois, les punaises peuvent passer totalement inaperçues. Mieux vaut prendre des précautions pour ne pas en rapporter chez soi.

« Il ne faut rien laisser traîner sur le lit. Il ne faut rien laisser traîner sur le sol près du lit. »

Il ne faut pas non plus ranger ses affaires dans les tiroirs. On recommande de placer les bagages sur le support à bagages (après l’avoir soigneusement inspecté), sur un plancher carrelé, ou encore dans le bain.

Et si le mal est fait ? Si on suspecte la présence de passagers clandestins dans les valises qu’on rapporte à la maison ?

Il est préférable de défaire les bagages à l’extérieur, sur le balcon par exemple. Si ce n’est pas possible, on peut déposer les valises sur une surface dure comme le plancher du garage ou de la salle de bains.

Il faut inspecter chaque vêtement, chaque objet.

Traiter à la chaleur ou ou froid

Le gouvernement du Québec indique que le traitement dans la sécheuse est la meilleure façon d’éliminer l’ennemi. Il faut mettre les textiles et les objets susceptibles d’être infestés dans la sécheuse et faire fonctionner celle-ci à très haute température pendant au moins 30 minutes.

Si les vêtements sont sales, on peut les laver avant, mais il faut utiliser de l’eau très chaude, soit au moins 60 °C. Il faut aussi s’assurer que l’eau recouvre les vêtements : ce n’est pas nécessairement le cas avec certaines laveuses à chargement frontal.

On peut aussi louer un nettoyeur à vapeur et traiter les vêtements ou objets avec une vapeur très chaude (au moins 100 °C).

S’il est impossible de traiter des vêtements ou des objets à la chaleur, on peut essayer le froid extrême : on peut les étaler dans le congélateur pendant au moins trois jours et demi à une température d’au minimum — 18 °C. Il faut que le froid extrême soit soudain pour que les punaises n’aient pas le temps de s’adapter.

« Si tu reviens en plein hiver, tu laisses tes bagages dehors, indique M. Savoie. À - 40 °C un jour ou deux, tu vas voir que le froid va prendre soin de tes bibittes. »