Après un printemps froid et pluvieux, les Québécois ont bien hâte de retrouver leurs parcs pour renouer avec la nature. Martin Savard, responsable de la faune et des infrastructures au parc de la rivière Batiscan, a plusieurs trucs à faire partager pour bien observer les animaux sauvages.

Aller voir ceux qui savent

La première chose à faire en arrivant au parc, c’est d’aller voir les employés à l’accueil pour avoir de l’information sur les habitudes de la faune locale.

« Ils vont vous donner des indices, indique Martin Savard. Les orignaux, les cerfs, les lièvres se tiennent souvent dans tel coin le matin. Ça limite le ratissage. Sinon, on peut ratisser longtemps avant trouver de bons sites. »

Il suggère également de jaser avec les employés sur le terrain, ceux qui font le ménage, l’entretien. « On jase de tout et de rien et à un moment donné, on aborde le sujet. C’est là que j’ai mes meilleurs indices. Et eux sont bien contents de dire ce qu’ils savent. »

Choisir le bon endroit

Il y a des sites plus propices que d’autres pour observer les animaux.

« Si on veut voir des caribous, on n’ira pas au parc de la Mauricie, lance Martin Savard. On ira en Gaspésie ou dans le Grand Nord. »

Pour les cerfs de Virginie, le parc des Îles-de-Boucherville est particulièrement propice.

Dans un même parc, un coin particulier peut être plus favorable qu’un autre. Les bords de rivière, par exemple, ou les étangs de castors.

« Je suis maniaque des étangs de castors, c’est tellement riche au niveau de la faune. Les animaux viennent boire, se rafraîchir quand il fait chaud. Il s’agit de s’asseoir discrètement et d’attendre. »

Patience !

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

« À moins de tomber sur un orignal par hasard, il faut se donner des chances pour pouvoir en observer », note Martin Savard, responsable de la faune et des infrastructures au parc de la rivière Batiscan.

Les gens sont habitués à consommer rapidement, et ces habitudes se reflètent sur les observations.

« Ils voient un animal et oups, ils passent au suivant », déplore Martin Savard. Il croit plutôt que ça vaut la peine d’attendre, de laisser l’animal prendre confiance.

« Je me rappelle une bataille mémorable de deux mâles orignaux juste devant moi. Je les avais vus manger chacun dans leur coin puis à un moment donné, ils ont décidé de se défier. Les personnes qui étaient avec moi étaient déjà parties. »

Il connaît des gens qui s’amènent avec une chaise pliante et un bon livre pour attendre. Par contre, la musique dans les oreilles, ce n’est pas l’idéal.

« L’orignal va peut-être passer derrière toi et tu ne le sauras jamais. »

Choisir le bon moment

« À moins de tomber sur un orignal par hasard, il faut se donner des chances pour pouvoir en observer », note Martin Savard.

Il suggère de se lever tôt, avant même le lever du soleil. Les cerfs, les lièvres, les porcs-épics vont se promener ici et là pour se nourrir.

« Dès que ça commence à s’activer dans les parcs, les animaux deviennent plus discrets. Ils changent d’endroit pour aller là où ils seront moins visibles », poursuit Martin Savard.

Le lever du soleil et le coucher de soleil sont de beaux moments pour prendre des photos magnifiques. Les jours de pluie, c’est bien aussi.

« Il y a moins de monde sur les sentiers ou sur les lacs, il y a moins de maringouins. Mais il faut être bien habillé. »

Garder ses distances

Martin Savard déconseille de trop s’approcher des animaux.

« L’économie d’énergie des cerfs de Virginie dans leur ravage est calculée au kilojoule près pour survivre à l’hiver. Toutes les fois qu’on s’en approche et qu’ils se sauvent, ce sont des graisses, des réserves d’énergie qu’ils brûlent. Ils risquent de tomber en panne sèche avant la fin de l’hiver. »

Des animaux dont on s’approche trop, notamment des femelles avec des petits, peuvent devenir agressifs.

« Une femelle orignal avec un très jeune veau, si elle se sent coincée, elle charge et frappe avec ses sabots. Des sabots et une brique sur la tête, c’est à peu près équivalent. »

L’animal ne doit surtout pas sentir qu’il est la cible. En canot, lorsqu’il voit un orignal, Martin Savard fait des zigzags, très lentement, de façon à s’approcher discrètement.

« Je me mets à un endroit où je pense qu’il va aller manger. Des fois, ça marche. »

De petites bibittes pour les petits enfants

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Un porc-épic

Ce ne sont pas nécessairement les plus gros animaux qui attirent les enfants.

« Les enfants ne peuvent pas s’approcher des gros, il n’y a pas de proximité, indique Martin Savard. Alors qu’un insecte, une grenouille, une libellule, pour eux, c’est fascinant. Ils peuvent les voir de près, les toucher. »

Il raconte comment il a fait bien des efforts pour réussir à montrer un orignal pour la première fois à sa fille de 7 ans.

« Son intérêt a duré trois minutes. Après, tout ce qu’elle voulait, c’était retourner voir les ouaouarons. Ceux-là, on peut les attraper au filet, il y a plus d’interaction. L’orignal, on le regarde, c’est tout. Pour elle, c’était comme regarder une vache à la télévision. C’est beau, c’est gros, mais qu’est-ce qu’on peut faire avec ? »

Ne pas nourrir les animaux

Nourrir des animaux sauvages fait naître des comportements qui ne sont pas naturels.

Martin Savard raconte comment les femelles ratons laveurs qui ont été nourries amènent leurs petits aux tables de pique-nique.

« Ces jeunes-là, la première chose qu’ils apprennent, c’est de quémander. Quand ils ont faim et qu’il y a moins de campeurs, ils peuvent devenir agressifs. Certains ne se gênent pas pour montrer les dents en sachant que quand ils grognent, les gens se tassent et ça libère la nourriture. »

En outre, la nourriture « humaine » ne convient pas à leur estomac.

« Je ne pense pas que les guimauves soient idéales pour les ratons laveurs, surtout quand ils mangent le sac au complet. Quand je regarde les effets que ça fait sur ma fille, je plains la mère raton ! Déjà que les bébés ratons sont hyperactifs de nature… »