Par plaisir de bavarder ou pour éviter de se faire escroquer, tout voyageur devrait s'initier aux ficelles du marchandage, qui se pratique toujours dans de nombreuses contrées.

Beaucoup de blogues donnent des conseils, mais parfois contradictoires! Normal, c'est une science très inexacte. En voici quelques grandes lignes pour ceux qui ont peur de négocier.

Se renseigner

Se lancer dans une négociation sans avoir la moindre idée du prix approximatif de l'objet convoité vous place dans une position désavantageuse. Commencez par faire un tour des boutiques et étals du coin pour sonder les tarifs. Si vous vous êtes fait des amis locaux, ne pas hésiter à leur demander de vous éclairer (vous pourriez même les envoyer acheter l'article pour vous!). Par exemple, au Maroc, «les meilleures affaires se font à la fermeture, car toute entrée d'argent supplémentaire est bonne à prendre», nous apprennent Amine et Ghita, blogueurs et voyagistes marocains.

Regrouper

Si plusieurs souvenirs vous intéressent, on peut tenter de les regrouper graduellement puis demander un prix pour le lot. «Si vos amis souhaitent acheter les mêmes objets, négociez un prix pour un ensemble», suggère également Daniel Desjardins, président fondateur des Guides de voyage Ulysse, qui réside annuellement plusieurs mois en Thaïlande, où le marchandage est courant.

Respecter

Même si on vous annonce un prix de départ pimenté, ne versez pas dans l'excès en contre-proposant un tarif ridiculement bas, et ne vous obstinez pas non plus pour quelques misérables cents. «Les habitants ou les guides vous indiqueront s'il faut proposer le tiers ou la moitié. Aussi, ne jamais commencer une négociation si vous n'avez pas vraiment l'intention d'acheter», souligne M. Desjardins. Soyez poli (et malin): planquez vos grosses coupures et votre iPhone XS.

Attention, on ne marchande pas partout, y compris dans les pays où c'est l'usage (voir notre encadré).

S'improviser comédien

C'est le moment d'étaler vos talents d'acteur: en dissimulant votre vif intérêt pour l'objet convoité (le vendeur ne doit jamais le réaliser), en bavardant et en blaguant, en lançant de petites tirades... Par exemple, en Égypte, afficher un sourire complice à l'annonce d'un prix exagéré en rétorquant en arabe «Mais je ne suis pas américain!» peut fonctionner. On peut même faire semblant de quitter les lieux, ce qui provoque parfois une ultime révision du prix. Une seule règle: ne jamais s'énerver, même en simulation.

Apprendre

«Khamsin guiné, ghali awy!» Oui, monsieur le vendeur cairote, 50 livres égyptiennes pour ce papyrus, c'est trop cher! Le genre de formules faciles à mémoriser et qui ont généralement une influence sur le commerçant. C'est une stratégie très payante en Amérique latine. De plus, nombres et chiffres seront aussi très utiles dans d'autres contextes (quais, heure, taxis, etc.). N'oubliez pas d'apprendre à les lire, le cas échéant.

Fixer une limite

Dans le marchandage, la notion de «bon» ou de «mauvais» prix est fluctuante: l'important est que l'acheteur et le vendeur soient tous deux satisfaits du tarif définitif. Pour vous aider, vous pouvez simplement vous demander très honnêtement, avant d'entamer les discussions: «Combien suis-je prêt à mettre pour ça?» Si vous payez finalement ce prix, même s'il est un peu au-dessus du tarif moyen pour le même article, est-ce un mauvais achat? Cela reste à débattre...

Où marchander?

Le marchandage n'est pas répandu partout, et même au sein d'un pays dans lequel il se pratique, cela ne signifie pas qu'il est toléré dans toutes les boutiques. Les petits marchés sont les endroits privilégiés pour négocier. Mais si les prix sont affichés, la négociation n'est généralement pas possible.

De façon générale, on peut marchander au Maghreb, en Turquie, en Inde, en Asie du Sud-Est et en Chine. Mais pas au Japon! En Amérique latine, la pratique existe, mais elle est moins courante et surtout réservée aux marchés touristiques. En Europe, elle a presque disparu; même si on en trouve des relents en Grèce ou dans le sud de l'Espagne.

La société Travelex a publié un petit guide avec des particularités et conseils ciblés pour certains pays. 

https://www.tourisme-responsable.org/wp-content/uploads/2016/08/TRAVELEX_GUIDE_MARCHANDAGE.pdf

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Un vendeur de tissus à Nouakchott, en Mauritanie. Nul doute qu'il est ouvert à faire fluctuer un prix, surtout si on prend plusieurs étoffes...